Accompagnement des usagers de cocaïne : les professionnels dans une dynamique d’échanges et de construction

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Article rédigé par Sacha Hertzog 19 juillet 2023
Lancé en 2021, le projet AIPAUC (« Améliorer l’information, la prévention et l’accompagnement des usagers de cocaïne ») mobilise les acteurs de l'addictologie et les professionnels non spécialisés sur des nouveaux outils et des réponses collectives à apporter aux usagers de cocaïne, qu'il s'agisse de cocaïne en poudre ou de crack. Les journées régionales organisées en mai et juin à Marseille et Lille sont les témoins de cette dynamique.

À Marseille, penser la cocaïne dans son contexte

Le 22 mai à Marseille et le 1er juin 2023 à Lille, la Fédération Addiction a organisé deux premières journées régionales sur le thème de la cocaïne.

Au total, plus de 350 personnes ont participé à ces initiatives dans le cadre du projet AIPAUC soutenu depuis 2021 par le Fonds de lutte contre les addictions. L’occasion d’explorer les problématiques liées à la cocaïne sur les territoires mais ausis de présenter les résultats des travaux nationaux du projet.

Ainsi, à Marseille, les différentes tables-rondes ont d’abord permis aux participants de mieux comprendre les évolutions du marché et des usages de cocaïne, en partant des zones de production en Amérique du Sud pour aller jusqu’à l’évolution des usages en Provence-Alpes-Côte d’Azur — marqué par une disponibilité et une accessibilité accrue du produit ainsi que par une consommation traversant l’ensemble des couches sociales.

À travers des vignettes cliniques sur la grossesse, la place du médecin, les poly-consommations et l’accompagnement des publics précaires, cette journée a aussi permis aux professionnels de se pencher sur les spécificité de l’alliance thérapeutique pour l’accompagnement des usagers de cocaïne. L’occasion aussi de réfléchir à la démarche de réduction des risques et ses outils, que ce soit l’hygiène lors de l’injection, l’analyse de drogues ou l’accompagnement du basage. p

La journée de Marseille fut également un moment de rappel sur le rôle social de la cocaïne et de ses usages dans une société dure, tournée vers la performance et l’efficacité.

À Lille, un moment de mobilisation et de partage de pratiques

Lors de la journée de Lille à la faculté des sciences juridiques et politiques, le thème choisi était : « On en parle et on fait quoi ? »

Un large éventail d’acteurs, spécialisés en addictologie ou non, ont pu se rencontrer et échanger, d’abord sur un regard englobant sur la place de la cocaïne dans les Hauts-de-France, l’évolution de ses usages — avec l’essor de la consommation de cocaïne basée — et de son marché, fortement lié aux trafiquants belges et néerlandais.

Les participants ont aussi pu avoir un panorama des options thérapeutiques existantes et des pistes prometteuses actuellement à l’essai dans le monde. Des ateliers ont été organisés sur la pratiques et le partage d’expertise et d’expérience sur la prévention et l’intervention précoce, la réduction des risques, l’accompagnement thérapeutiques ainsi que l’accueil des usagers. Ils ont permis à des acteurs de partager leurs expérience et de travailler vers la construction de pratiques communes.

La journée s’est conclue par une réflexion sur les failles de la politique de pénalisation de la consommation et ses possibles améliorations.

Une dynamique nationale : des journées prévues dans cinq nouvelles régions

Ces deux évènements étaient les premiers d’un cycle de journées régionales sur la cocaïne qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année de 2024. Cinq autres journées sont prévues : le 21 septembre à Angoulême (Nouvelle-Aquitaine), le 26 septembre à Saint-Denis (Réunion), le 19 octobre à Paris (Île-de-France), le 7 novembre à Cayenne (Guyane) et le 18 janvier à Perpignan (Occitanie).

En parallèle, la Fédération Addiction s’apprête à publier des guides et vidéossur les usages et les complications, la prévention, la réduction des risques et l’accompagnement thérapeutiques.