Foire aux questions : tout savoir sur le métier d’infirmier en pratique avancée (IPA)
Le métier d’infirmier en pratique avancée (IPA), reconnu en France depuis 2018, s’inscrit dans une dynamique d’évolution des pratiques et de transformation des parcours de soins. Encore récent, le cadre de pratique de ce nouveau métier continue d’évoluer avec par exemple la publication du décret du 20 janvier 2025 relatif aux conditions de l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA) qui permet au patient, en complément d’une prise en charge confiée par un médecin, de s’adresser directement à un IPA.
Pour mieux comprendre le rôle de l’IPA, ses missions, les conditions d’accès à la formation, ses apports au sein des structures et les bonnes pratiques pour faciliter son intégration dans les équipes pluridisciplinaires, la Fédération Addiction a élaboré une foire aux questions (FAQ) dédiée, désormais disponible.
Cette FAQ s’adresse autant aux infirmiers souhaitant découvrir ce métier qu’aux professionnels des structures qui s’interrogent sur la place et l’organisation des IPA dans leurs équipes.
Les questions les plus souvent posées
Qu’est-ce qu’un·e IPA ?
L’infirmier.e en pratique avancée (IPA) est un.e professionnel.le de santé titulaire d’un diplôme d’État de grade master qui exerce avec un niveau d’autonomie et de compétences élargi par rapport à l’infirmier.e diplômé d’État. L’IPA intervient principalement dans le suivi de patients atteints de pathologies ciblées, notamment des maladies chroniques stabilisées ou des situations cliniques complexes, dans une logique de coordination, d’accès facilité aux soins et de renforcement du parcours de santé (définition créée à partir du décret du 18 juillet 2018 et de la présentation du métier faite par le ministère de la santé).
Les missions de l’IPA s’articulent autour de quatre axes principaux :
- Orientation, prévention, éducation thérapeutique et dépistage ;
- Évaluation clinique et paraclinique, conclusion et suivi ;
- Réalisation d’actes techniques autonomes (conformément à l’annexe I du décret 2025)
- Prescription et adaptation thérapeutique, incluant :
° Médicaments non soumis à prescription (annexe III – décret du 20 janvier 2025)
°Examens complémentaires (annexe IV)
°Adaptation/renouvellement de prescriptions (annexe V)
°Prescriptions encadrées (annexes VI et VII)
Depuis janvier 2025, l’accès direct permet à l’IPA travaillant en structure de santé privée ou médico-sociale, de recevoir un patient sans orientation médicale initiale. L’orientation du patient vers un IPA se fait :
- Soit à titre principal par le médecin (suivi régulier)
- Soit à titre ponctuel (bilan ou séance de soins spécifiques)
Quel est le cadre de la formation (durée, organisation, etc.) ?
1. Durée
L’exercice et le diplôme sont encadrés par des textes réglementaires du ministère de la santé. La formation d’IPA dure deux ans :
- 1re année : tronc commun
- 2e année : spécialisation dans une des cinq mentions
2. Organisation
La formation peut être réalisée à temps plein ou à temps partiel selon les universités avec des enseignements à la fois en présentiel et en distanciel.
Il s’agit d’une formation exigeante qui requiert du temps de travail personnel et la réalisation de deux stages obligatoires (2 mois la première année / 4 mois la seconde année) dans des structures variées et autre que celle de l’employeur.
3. Programme
Chaque université jouit d’une autonomie pédagogique, ce qui explique des parcours plus ou moins conséquent en termes d’apport sur l’addictologie. L’offre de formation peut dépendre de la participation d’enseignants spécialisés dans le domaine. Les enseignements liés à l’addictologie sont généralement plus conséquentes dans les mentions psychiatrie et santé mentale.
Faut-il obligatoirement être spécialisé·e en santé mentale pour exercer en addictologie ?
Non, il n’est pas obligatoire d’être diplômé·e dans la mention « psychiatrie et santé mentale » pour exercer en addictologie. Le choix de la spécialisation doit être cohérent avec les besoins identifiés sur le terrain par la structure employeur. La spécialisation « Pathologies chroniques stabilisées et polypathologies en soins primaires » peut aussi apparaître comme pertinente, du fait que de nombreux patients soient porteurs de pathologies chroniques.
Quelles sont les sources de financement possibles pour la formation ?
Plusieurs sources de financements sont possibles pour la formation IPA :
- Le professionnel peut envisager d’utiliser son Compte Personnel de Formation (CPF)
- La structure peut faire une demande d’aides via :
° l’OPCO directement
° les fonds dédiés aux métiers en tension via l’OPCO
° une demande de co-financement à l’ARS (la politique varie d’un territoire à l’autre)
° les fonds mutualisés ou des budgets de formation continue au sein du territoire via les collectivités territoriales
Quelles sont les missions d’un·e IPA ?
Selon le référentiel, un·e IPA a des missions de :
1. Coordination, orientation, prévention, éducation thérapeutique et dépistage ;
2. Évaluation clinique et paraclinique, conclusion et suivi ;
3. Réalisation d’actes techniques autonomes
4. Prescription et adaptation thérapeutique, incluant :
- Médicaments non soumis à prescription
- Examens complémentaires
- Adaptation/renouvellement de prescriptions
- Prescriptions encadrées
Depuis janvier 2025, l’accès direct permet à l’IPA salarié du secteur privé et médico-social de recevoir un patient sans prescription médicale initiale.
L’IPA a-t-il·elle besoin de l’aval d’un médecin pour exercer ?
Depuis le décret du 20 janvier 2025, les IPA de structures d'exercice coordonné (ex : établissements de santé, médico-sociaux, centres de santé, maisons de santé pluriprofessionnelles) peuvent réaliser des consultations sans l’aval d’un médecin.
Quel est le périmètre de responsabilité de l’IPA ?
L’IPA peut voir sa responsabilité civile engagée en cas de faute, erreur, négligence ou omission dans les soins ou décisions qu’il prend dans le cadre de ses missions. Étant autonome dans une partie de son exercice (diagnostic, prescription, suivi), l’IPA est pleinement responsable des actes relevant de son domaine d’intervention, même si une collaboration avec un médecin est exigée. L'IPA doit donc souscrire à une assurance.
Quels sont les bénéfices pour une structure à intégrer un·e IPA ?
Recruter un·e IPA dans une structure peut permettre de :
- Assurer un meilleur repérage des situations complexes ;
- Améliorer la coordination entre les différents professionnels des établissements, renforcer les liens internes ;
- Mieux répartir la charge de travail médicale et apporter un soutien clinique médicale auprès des équipes ;
- Limiter le risque de rupture ;
- Renforcer la coordination avec les autres professionnels médicaux du territoire (ex : médecins de ville)
L’IPA devient ainsi un interlocuteur clé, ressource pour les équipes, sans se substituer au médecin, mais en apportant une expertise complémentaire et en participant à la réorganisation de l’offre de soins, notamment dans les territoires confrontés à la désertification médicale.
Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour assurer la coordination entre les différents professionnels ?
Une bonne coordination passe par une communication fluide, la reconnaissance et la compréhension mutuelle des rôles de chacun, et des temps réguliers de concertation (ex : réunions cliniques, protocoles partagés).
Quels freins peut rencontrer un·e IPA à son arrivée dans une structure et comment les anticiper ?
- Absence de ligne budgétaire dédiée pour les postes.
- Difficulté à se positionner auprès du reste de l’équipe
- Difficulté à définir une fiche de poste
- Reconnaissance statutaire encore floue.
- Intégration difficile dans certaines structures, en raison de contraintes financières et organisationnelles.
Quelles sont les missions transversales de l’IPA ?
Selon le référentiel, 20% du temps de travail de l’IPA doit être dédié à la réalisation de missions transversales qui se déclinent à travers des activités de :
- Recherche
- Veille
- Participation aux démarches qualité et à l’analyse des pratiques professionnelles
- Coordination avec les acteurs du territoire
- Participation à la formation
Télécharger la FAQ complète
Pour aller plus loin, la FAQ complète propose :
- Des réponses détaillées à de nombreuses questions complémentaires.
- Des annexes présentant le cadre législatif et réglementaire des IPA, la liste des médicaments prescrits selon la spécialisation et un modèle de fiche de poste.