Améliorer le dépistage et le traitement des hépatites et du VIH pour les personnes éloignées du soin : rencontre avec Hélène Donnadieu à propos du projet Icône 2

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Article rédigé par Tanguy Dudouet Jehasse 27 juillet 2023
Fruit d’expérimentations réussies au Vietnam puis à Montpellier, Icône 2 est un projet de dépistage et de traitement du VIH et des hépatites B et C parmi les populations les plus éloignés du système de santé. Il sera lancé à l'automne 2023 dans plusieurs villes françaises. Nous avons rencontré Hélène Donnadieu, chercheuse à l'INSERM, hépatologue et cheffe de service addictologie au CHU de Montpellier.

Quels sont les principes du projet Icône 2 ?

Hélène Donnadieu : L’objectif est d’atteindre les populations éloignées du système de santé et « invisibles » grâce à la méthode du « Respondent Driven Sampling ». Concrètement, des pairs usagers inclus dans l’étude et indemnisés lors de leur passage sur la structure de recherche, distribuent des coupons de dépistage à leur entourage, et sont également indemnisés pour cela. Il s’agit ainsi d’un recrutement de type « boule de neige ».

D'où vient l'idée de ce projet ?

Hélène Donnadieu : L’objectif est de favoriser l’accès aux soins des personnes usagères de drogues qui, jusqu’à présent sont « cachées », afin de répondre à leurs besoins vis-à-vis des problématiques infectiologiques, addictologiques et de santé mentale. L’étude Icône 1 déjà réalisée à Montpellier a prouvé que quasi 70 % des personnes usagères de drogues en situation de précarité  n’étaient pas suivies de manière régulière dans les structures d’addictologie et n’avaient donc pas accès au dépistage.

Cette démarche est basée sur la réflexion de l’équipe l’INSERM 1058 qui a déjà réalisé ce type de recrutement innovant au Vietnam pour lutter contre l’épidémie du VIH, de l’hépatite C et de la tuberculose chez les usagers de drogues.

Concrètement, comment Icône 2 va se dérouler ?

Hélène Donnadieu : Pour cette deuxième étude réalisée en France, quatre villes sont concernées : Fort-de-France, Lyon, Marseille et Paris. Chaque site est supervisé par un addictologue, un psychiatre, un hépatologue et des partenaires associatifs, avec une équipe de recherche de l’INSERM au niveau national et un partenariat sur le volet sociologique avec le SESSTIM de Marseille.

L’objectif est d’atteindre environ 2500 personnes pour une prise en charge globale non seulement des maladies infectieuses, mais également l’inscription dans un parcours de soins pérenne en addictologie et en santé mentale.

Les premiers résultats sont attendus pour l’année 2024 !

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Hélène Donnadieu : Les principales difficultés rencontrées ont été de trouver des locaux dans chaque ville ainsi que le recrutement de pairs prêts à s’engager activement dans le processus de recherche, mais elles ont été surmontées à temps pour un lancement de l’étude d’ici la fin de l’année.