Naloxone : encore du chemin à faire pour que tou·te·s y aient accès

Partager sur

Article rédigé par Tanguy Dudouet Jehasse 22 mars 2023
Antidote aux surdoses d’opioïdes, la Naloxone est disponible en France depuis 2019 sous différentes formes. Si son arrivée a été salutaire pour de nombreuses personnes, des freins persistent pour généraliser son accès. Pour en savoir plus, nous avons interrogé trois professionnelles : Françoise Etchebar, Brigitte Reiller et Karine Pansiot-Mestric.

Que faire en cas de surdose d’opioïde ? Depuis 2019, la Naloxone est disponible en France : d’abord sous forme injectable puis, depuis 2021, sous forme de spray nasal. Ce médicament permet de sauver des vies… mais sa diffusion est encore trop faible.

Côté addictologie, des freins persistants à la généralisation de la Naloxone parmi les usagers d’opioïdes

Françoise Etchebar, médecin généraliste exerçant en libéral et en CSAPA, et Brigitte Reiller, médecin et directrice-adjointe du CEID-Addiction, remarquent toutes les deux que dans le secteur spécialisé, la naloxone reste un outil puissant pour sauver des vies. Malheureusement, elles constatent que plusieurs facteurs entravent son accessibilité.

Les deux médecins relèvent notamment que les professionnel·le·s ne connaissent pas forcément bien l’outil. « Le secteur de l’addictologie souffre en effet d’un turn over important et dans les CSAPA et CAARUD, il est fréquent de se voir confier de nombreuses tâches » relèvent-elles : la question de la Naloxone peut ainsi vite passer au second plan.

À cela s’ajoute la difficulté de se fournir ou de le prescrire : toutes les structures ne disposent pas de temps médical et, quand la distribution est organisée, cela se fait sans assurance de financement de la part des agences régionales de santé.

Mais disposer de Naloxone ne suffit pas : encore faut-il être formé·e pour l’utiliser. Cette question se pose surtout pour l’entourage et les professionnel·le·s de santé hors addictologie : « Si une surdose a lieu au domicile ou en centre d’hébergement, c’est à eux de réagir ». Aujourd’hui, il n’existe aucune campagne de sensibilisation à la question des surdoses auprès du grand public.

Si une surdose a lieu au domicile, c’est à l'entourage de réagir

Les pharmacien·ne·s mobilisé·e·s

Karine Pansiot-Mestric est docteure en pharmacie et représentante au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Elle travaille sur la Naloxone au sein du Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm).

Le Cespharm a pour mission d’aider les pharmacien·ne·s à s’impliquer dans la prévention et l’éducation pour la santé. Il a participé à la campagne de diffusion d’affiches et flyers sur la Naloxone et les surdoses.

Karine Pansiot-Mestric rappelle en effet que les pharmacien·ne·s sont des « acteurs de santé publique de proximité. Ce sont les premiers professionnels de santé – parfois les seuls – avec lesquels les usagers de drogues, population particulièrement exposée, sont en contact. »

L’Ordre des pharmaciens ne disposent aujourd’hui que de peu d’informations sur la connaissance qu’ont ses membres de la Naloxone et des surdoses. Des axes d’améliorations ont cependant déjà été identifiés pour en faciliter l’accès :

  • renforcer la communication auprès de la population générale et des médecins ;
  • systématiser la prescription conjointe d’opioïdes/traitement de substitution et de Naloxone ;
  • permettre la « prescription pharmaceutique », c’est-à-dire la prescription directement par les pharmacien·ne·s avec une prise en charge par l’Assurance Maladie, comme ce qui existe pour la contraception d’urgence ;
  • distribuer de la Naloxone dans les programmes d’échanges de seringues.

Le Cespharm produit par ailleurs de nombreuses ressources à destination des pharmacien·ne·s qui souhaitent approfondir leurs connaissances, et notamment un guide de la réduction des risques.

Si vous souhaitez vous former à l’usage de la Naloxone, le site naloxone.fr propose une certification gratuite.

Vous pouvez également commander les affiches et flyers par mail : t.jehasse@federationaddiction.fr