La Fédération Addiction salue le nouveau programme de lutte contre le tabac mais appelle l’État à des mesures plus concrètes pour les publics précaires

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 28 novembre 2023
Le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, a présenté ce 28 novembre le nouveau programme national de lutte contre le tabac pour 2023-2027.
Les professionnels de l’addictologie représentés par la Fédération Addiction soulignent des mesures positives, notamment la hausse du prix du paquet, la généralisation des espaces publics sans tabac et la délivrance (avec remboursement) des substituts nicotiniques en pharmacie sans prescription médicale. Ce plan devra toutefois s’accompagner de précisions en ce qui concerne les mesures ciblant les publics précaires, les plus touchés par le tabagisme.

Avec 75 000 morts par an, le tabac est la première cause de décès évitables dans notre pays. Réduire le tabagisme est une urgence de santé publique : la Fédération Addiction salue les principales mesures du programme national 2023-2027 annoncé ce jour par le ministre de la Santé et de la Prévention.

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Augmenter le prix du paquet : une mesure de santé publique

Le programme national de lutte contre le tabac prévoit d’augmenter le prix du paquet de cigarettes à 12 € en janvier 2025 puis à 13 € d’ici 2027. Ce « signal prix » est une bonne nouvelle : il correspond aux recommandations internationales et aux conclusions de la littérature scientifique sur le sujet qui confirment qu’augmenter le prix du tabac a un impact direct sur la diminution du tabagisme.

La volonté de « dénormaliser » la consommation de tabac en généralisant l’interdiction de fumer aux lieux extérieurs à usage collectif comme les plages, les forêts, les parcs publics et aux abords des établissements scolaires est également une mesure logique qui contribuera à réduire le tabagisme passif et à découpler le lien visuel entre tabagisme et lieux de détente et de loisirs.

L’interdiction des « puff », réclamée par l’ensemble des professionnels, est également une bonne nouvelle.

Il manque encore des mesures concrètes pour l’accompagnement des fumeurs précaires

Le programme national prévoit en outre que, dès le premier trimestre 2024, les fumeurs puissent se voir proposer des traitements de substitution nicotiniques délivrés directement en pharmacie et remboursés sans prescription médicale. Une décision qui aidera de nombreuses personnes à arrêter de fumer.

Le ministre a par ailleurs souligné la place des inégalités sociales de santé dans le tabagisme… mais les actions ciblant les populations précaires manquent encore de précision. En effet, si 18 % des Français aux revenus les plus élevés sont fumeurs quotidiens c’est le cas de 32 % des personnes aux revenus les plus modestes et  même de 46 % des chômeurs. Et chez les jeunes de 17 ans déscolarisés, le tabagisme quotidien est quatre fois plus élevé que chez les jeunes lycéens (44 % contre 10 %).

Il est à noter que les mesures de prix comme les taxes comportementales en général frappent particulièrement les populations les plus précaires et sont un facteur néfaste de paupérisation supplémentaire. Elles doivent donc s’accompagner d’une politique de prévention ciblée et de renforcement de l’accès aux soins des personnes précaires. 

La Fédération Addiction appelle le gouvernement à améliorer cet axe du programme de lutte contre le tabac et à prendre des mesures concrètes, ciblées et financées en direction de ces populations particulièrement touchées par le tabagisme. Celles-ci devront notamment donner sa juste place au vapotage, qui constitue un outil particulièrement efficace de réduction des risques et d’aide au sevrage tabagique pour des publics précaires souvent éloignés des soins comme cela était rappelé dans les récentes recommandations du Haut Conseil de la santé publique.

« L’objectif d’une génération sans tabac en 2032 est atteignable… mais pas sans adopter des politiques plus ciblées en direction de celles et ceux que le tabagisme touche le plus : les jeunes et les familles en situation de précarité. »
Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction

Contact presse

Benjamin Tubiana-Rey
responsable plaidoyer et communication
b.tubiana-rey@federationaddiction.fr
06 15 62 81 08