Consommations chez les jeunes : des résultats encourageants qui confirment la nécessité d’intensifier la prévention et l’intervention précoce

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 13 mars 2023
L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié jeudi 9 mars les résultats de son enquête sur les consommations chez les jeunes. Si les résultats témoignent d’une baisse des consommations de toutes les substances psychoactives, licites ou illicites, ils révèlent une nouvelle fois le rôle majeur des inégalités sociales de santé.

Il faut saluer l’effort collectif qui a permis la diminution des consommations chez les jeunes. Mais la Fédération Addiction rappelle la nécessité de mener une politique de prévention pérenne et de soutenir les actions ciblées.

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La baisse de la consommation de substances psychoactives chez les jeunes telle que constatée par l’étude ESCAPAD de l’OFDT est une excellente nouvelle. L’étude, menée en mars 2022, a concerné 23 701 jeunes. Tabac, cannabis, alcool : cela témoigne de l’effort collectif des pouvoirs publics et des professionnels.

Mais l’enquête révèle aussi que la classe sociale ou le parcours scolaire gardent une influence importante dans les consommations. La Fédération Addiction renouvelle son souhait de voir les politiques de prévention renforcées par des moyens pérennes, notamment par des actions ciblées vers les jeunes précaires.

Tabac, alcool, cannabis : la bonne nouvelle de la baisse des consommations chez les jeunes

Concernant le tabac, ESCAPAD nous apprend que moins de la moitié (46,5 %) des jeunes de 17 ans interrogés déclarent avoir déjà fumé une cigarette dans leur vie et 15,6 % déclarent fumer quotidiennement. Si ces chiffres restent élevés par rapport au reste de l’Europe, ils sont en baisse depuis la dernière enquête en 2017. Il en va de même de la consommation d’alcool : en 2022, un jeune sur cinq (19,4 %) a déclaré n’avoir jamais bu d’alcool de sa vie, soit une hausse de 5 points par rapport à 2017. 

Concernant le cannabis, son usage diminue également, qu’il s’agisse de l’expérimentation qui recule de 10 points par rapport à 2017 (29,9 % contre 39,1 %) ou de l’usage au cours du mois (13,9 % contre 21 %). 

Ces chiffres restent élevés mais leur baisse témoigne de l’efficacité du travail réalisé par les équipes de prévention et de soins qui interviennent auprès des jeunes. Pour l’OFDT, il s’agit aussi d’« un changement profond de perception de ces usages par les adolescents, mais, sans doute également, de l’impact de la crise sanitaire ».

Mais des situations contrastées

L’OFDT constate que les niveaux d’usage restent élevés chez les jeunes en apprentissage ou en décrochage scolaire, bien au-dessus de ceux des jeunes scolarisés dans le secondaire. Les jeunes sortis du système scolaire sont quatre fois plus nombreux que les élèves des lycées généraux et techniques à être fumeurs de tabac quotidien (43,5 % contre 10,1 %) et les apprentis sont trois fois plus nombreux à être usagers d’alcool que les élèves en filière générale (18,2 % contre 5,9 %). 

L’OFDT constate par ailleurs une augmentation de l’utilisation de la cigarette électronique mais sans préciser s’il s’agit d’une utilisation avec ou sans nicotine. Si 55,4 % des vapoteurs sont également des fumeurs quotidiens de tabac, 5,8 % utilisent la vape seule (contre 2,4 % en 2017). Cette augmentation concerne surtout les filles, ce qui peut s’expliquer par le marketing dont elles sont une cible privilégiée, notamment les produits de vapotage à usage unique disponible dans les points de vente de tabac.

Face à ces constats, la Fédération Addiction insiste une nouvelle fois sur la nécessité de politiques de prévention pour la santé des jeunes qui soient ambitieuses, dotée de moyens suffisant et ciblant les populations les plus à risque.

Les propositions de la Fédération Addiction

La Fédération Addiction formule des propositions pour aller plus loin dans la baisse de consommation des jeunes :

  • enfin doter la prévention de moyens pérennes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : les financements par appels à projet ne permettent pas de mener des actions au long court ;
  • renforcer les moyens des consultations jeunes consommateurs (CJC) pour aller vers les jeunes qui ont commencé à consommer et intervenir avant que l’addiction ne survienne (principes de l’intervention précoce) ;
  • renforcer et réellement appliquer les interdits protecteurs : interdiction de la publicité ciblée sur des catégories de jeunes, application réelle de l’interdiction de la vente aux mineurs ;
  • mener des actions spécifiques d’intervention auprès des catégories sociales de jeunes plus à risque de consommer, notamment les précaires.

La Fédération Addiction rappelle de plus l’importance d’une politique d’ensemble concernant la santé des jeunes et en particulier leur santé mentale qui a connu une forte dégradation pendant la crise du Covid-19.

Cette question sera notamment l’objet de la conférence-débat organisée avec nos partenaires du collectif national pour la santé des jeunes en présence de la défenseure des droits le 14 mars 2023.

À propos de la Fédération Addiction

La Fédération Addiction est le premier réseau d’addictologie de France. Elle regroupe 190 associations, 850 établissements et services de santé, de prévention, de soins et de réduction des risques ainsi que 500 adhérents individuels, notamment médecins et pharmaciens de ville.

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Contact presse

Benjamin Tubiana
responsable plaidoyer et communication
b.tubiana@federationaddiction.fr
06 15 62 81 08