Vape : les nouvelles recommandations du ministère de la Santé dans la droite ligne de l’avis HCSP

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 5 octobre 2022

Les fumeurs mais aussi les professionnels qui les accompagnent expérimentent régulièrement l’apport de la vape dans la réduction des risques (RdR) en matière de lutte contre le tabagisme.

Pourtant, se basant sur l’avis du Haut Conseil à la Santé publique de novembre 2021, les recommandations du ministère de la Santé « concernant l’usage des produits de vapotage » se bornent à constater que « les données actuellement disponibles ne sont pas concluantes quant à l’efficacité des produits du vapotage en tant qu’outil pour arrêter de fumer ».

Lire les recommandations du ministère de la Santé pour la vape

L'avis du HCSP critiquable… et critiqué

La Fédération Addiction l’écrivait en janvier 2022 : les approches médicamenteuses et/ou substitutives (TSN) ayant fait l’objet d’études spécifiques pour être autorisées, les études sur leur efficacité sont évidemment plus nombreuses et concluantes que celles sur la vape.

Mais en addictologie, c’est du terrain que viennent bien souvent les innovations les plus pertinentes, souvent avant que les autorités académiques ne les reconnaissent et que les études randomisées ne les « prouvent ». Ces recommandations font malheureusement l’impasse sur ce que les professionnels de l’addictologie savent : il est préférable de ne pas se limiter à une approche mais de partir des attentes, elles même diversifiées et évolutives (arrêter, réduire, vapoter, substituer etc..), des personnes pour les accompagner.

Une pluralité d'outils pour une pluralité de solution

L’avis du HCSP reconnaissait au moins l’apport de la vape pour les « personnes ayant une acceptation faible vis-à-vis des traitements de référence » et en particulier les personnes précaires et présentant des pathologies psychiatriques, mais cela peut aussi être le cas en « population générale, par préférence individuelle ». Cette petite ouverture du HCSP est malheureusement refermée par le ministère. En fermant la porte à une approche centrée sur les besoins qui poussent parfois à une faible acceptabilité des TSN (tout particulièrement sur la dimension socialisante). On sait pourtant bien que les traitements de substitution nicotinique ne répondent pas à tous les besoins.

Dans un domaine où la rapidité des évolutions sociales bouscule la temporalité, nécessairement plus lente, des études scientifiques, les décisions prises devraient pouvoir reposer sur un échange entre les données « evidence based » et les données observationnelles de grande échelle. Le principe de précaution ne doit pas être un principe d’inertie amenant, par « précaution », à oublier et à taire que vapoter reste moins dangereux que fumer…