Crack à Paris : les propositions des professionnels pour mettre fin aux scènes ouvertes de consommation

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Article rédigé par Fédération Addiction 23 septembre 2022
Hier, jeudi 22 septembre, la Fédération Addiction et ses partenaires ont présenté leurs propositions pour supprimer les scènes ouvertes de drogues.

Accueil d’urgence, hébergement, haltes soins addictions, accès aux parcours de sevrage aussi bien en ambulatoire qu’en résidentiel, insertion professionnelle : les actions réunies dans ce Plan sont plurielles et adaptées aux situations telle que celle de la Porte de la Villette. Elles reposent sur la complémentarité entre réduction des risques et soins, entre prise en charge des consommateurs et impératifs de tranquillité et sécurité publiques.
La balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics.

Il y a un an, le 24 septembre 2021, une scène ouverte de consommation de crack était installée par la police Porte de la Villette à Paris. Depuis, des centaines d’usagers y vivent dans des conditions indignes. Cette scène donne lieu à des troubles à la tranquillité et à la sécurité publique très difficiles à vivre au quotidien pour les riverains et les professionnels du champ sanitaire et médico-social s’épuisent à parer au plus pressé sans être en mesure de régler le problème en profondeur.

Ce jeudi 22 septembre, la Fédération Addiction, ses adhérents et ses partenaires, ont invité la presse et les élus pour présenter leurs propositions d’actions, en présence de professionnels, de riverains du quartier et d’usagers. Pour toutes et tous, il ne doit plus être question de se contenter de déplacer ces scènes ou d’en limiter les risques : l’objectif est clair, ces scènes ouvertes de consommation doivent disparaitre. Pour y parvenir, les associations de professionnels avec l’appui du Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS) de l’Inserm ont présenté un Plan pour la disparition des scènes ouvertes de drogues.

Un plan concret pour mettre fin à la situation de crise

Ce plan, issu du travail des professionnels sur le terrain et d’une démarche de recherche participative du CEMS pour la partie « constat », comporte huit volets, cohérents les uns avec les autres :

  1. Développer l’offre d’hébergement et de logement : places d’accueil d’urgences à Paris et en Île-de-France, accueil intermédiaire, hébergement de plus long terme
  2. Proposer des lieux de repos
  3. Créer de nouveaux espaces de consommation sécurisée : au moins quatre haltes soins addictions supplémentaires à taille humaine dans un délai de trois ans
  4. Pouvoir mettre à distance la scène et les consommations, faciliter l’accès aux soins : créer des lieux d’accueil transitoire et faciliter les parcours de soins en limitant les délais d’attente, y compris en centres résidentiels, pour les consommateurs en demande de sevrage
  5. Travailler à l’insertion professionnelle car la précarité socio-économique est un facteur important dans la consommation
  6. Renforcer l’aller-vers et notamment les maraudes
  7. Mieux prendre en compte les comorbidités psychiatriques
  8. Concerter tous les acteurs et coordonner les dispositifs

Marie Öngün-Rombaldi, déléguée générale de la Fédération Addiction :

« Résorber les scènes ouvertes de crack repose sur des solutions plurielles et coordonnées entre les différents acteurs. Il est temps de repousser définitivement l’opposition stérile entre réduction des risques et soin : les solutions sont là, il est temps pour l’État et les collectivités d’agir, avec les associations, les riverains, les usagers. »

Télécharger le Plan pour la disparition des scènes ouvertes de drogues

Un problème qui n’est pas nouveau : aux politiques d’agir

La Suisse a été confrontée au problème des scènes ouvertes dans les années 1980. Elle a réussi à les faire disparaitre en améliorant à la fois la situation sanitaire et sociale des usagers et la tranquillité publique pour les riverains. Le problème en France n’est pas un problème de manque de solutions mais bien de volonté politique.

La Fédération Addiction réaffirme sa volonté de travailler avec toutes les parties prenantes pour mettre fin à cette situation qui n’a que trop duré.