Prévenir les surdoses : des mesures claires pour se mobiliser

Partager sur

Article rédigé par Fédération Addiction 28 avril 2020

Dans le contexte de crise, le ministère de la santé vient de publier des recommandations concernant la prévention des overdoses.

La période actuelle, est déstabilisante et concernant les usagers d’opioïdes, cette situation peut s’accompagner d’un risque accru d’exposition aux surdoses. Le stress, l’anxiété, la difficulté à supporter le confinement, la crainte du manque peuvent se traduire par une difficulté à contrôler sa consommation.

Pour les usagers de drogues sous traitement de substitution aux opoides (TSO), le premier facteur protecteur est l’accessibilité au traitement et le maintien dans le traitement. C’est pour cette raison que nous nous sommes fortement mobilisés pour obtenir l’assouplissement des modalités de prescription et de délivrance des TSO.

Si cet axe-là est indispensable, il n’est pas suffisant. Dans ce contexte, la Fédération Addiction avec d’autres partenaires associatifs a transmis un courrier plaidoyer pour obtenir des mesures concrètes permettant de soutenir un accès plus facilité aux antidotes existants. Cette mobilisation inter-associative était déjà bien engagée sur ce sujet avant même la crise du COVID-19.

Un certain nombre de mesures ont été obtenues grâce à cette forte mobilisation inter-associative et la prise en compte par le ministère d’un certain nombre de demandes.

 

Renforcer l’accès à la naloxone pour les usagers à risques de surdose d’opioïdes et leur entourage – Quelles mesures ?

1. Trois fiches mémo de cadrage et d’informations via le ministère des solidarités et de la santé - diffusées aux Agences Régionales de santé, aux CSAPA, CAARUD, à l’ordre des pharmaciens et des médecins

Fiches de recommandations cadre

Fiche mémo à l'intention des usagers

Fiche mémo à destination des professionnels

  • Plusieurs populations usagères d’opioïdes sont à risque de surdose :
  • Usagers à risque accru de surdose du fait d’une perte de tolérance aux opioïdes liée à un arrêt ou une période de plus faible consommation : personnes sortant de prison, de sevrage, de centre de soins résidentiel ;
  • Usagers avec des antécédents récents de surdose, sortie d’hospitalisation pour surdose d’opioïde ;
  • Patients en traitement de substitution aux opioïdes en particulier la méthadone lors de l’initiation du traitement ou dans le mois suivant l’arrêt ;
  • Patients traités par des médicaments opioïdes antalgiques, lors de l’initiation notamment, ou en cas de mésusage du traitement (augmentation non contrôlée des doses pour soulager une douleur mal prise en charge, recherche d’effets psychotropes) ou ayant développé une dépendance ;
  • Usagers d’opioïdes pour des effets psychoactifs, parfois naïfs (n’ayant jamais consommé d’opioïdes) ;
  • Usagers d’opioïdes en « auto substitution » pour soulager une opio-dépendance

 

Qui peut faire quoi ?

Les professionnels exerçant en ville, en structure médico-sociale et en établissement de santé sont appelés à une particulière vigilance sur ce point.

  •  L’accès à la naloxone au sein des CSAPA-CAARUD, en pharmacie et en établissements de santé doit être garanti pour tous les publics à risque ;
  • Toute prescription de TSO, en particulier en initiation, chez des usagers ne faisant pas partie de la patientèle, doit s’accompagner d’une remise d’un kit de naloxone ou d’une prescription.
  • Dans le cas où le patient en cours de traitement TSO se présente à la pharmacie d’officine pour un renouvellement sans avoir reconsulté son médecin (comme rendu possible par l’arrêté du 23 mars 2020), il est souhaitable que le pharmacien d’officine contacte le médecin prescripteur pour que celui-ci adresse une prescription de kit de naloxone ; à défaut, le pharmacien peut proposer la délivrance d’un kit, à la charge du patient.
  • Toute prescription d’antalgiques opioïdes doit faire l’objet d’une évaluation par le prescripteur du risque de mésusage et de surdose pour le patient et s’accompagner d’une information sur la naloxone et le cas échéant d’une prescription.

En PJ, deux fiches sont proposées afin d’expliciter l’utilité de la naloxone :
– l’une est destinée à l’information des professionnels,
– l’autre est destinée à l’information des usagers et du public.

 

Comment les CSAPA et CAARUD peuvent-ils s’approvisionner en kits de naloxone et délivrer ?

Dans le cadre de la campagne de l’Ondam médico-social spécifique, des crédits ont été délégués en 2019 pour l’achat de kits de naloxone et la formation des professionnels.
D’ores et déjà, dans le contexte actuel, les structures sont encouragées à renouveler leur stock de kits de naloxone afin de les mettre à disposition des usagers.

Dans le cas où les structures ne pourraient faire usage de CNR 2019 non utilisés, les dépenses liées à l‘approvisionnement en naloxone seront régularisées par les ARS dans le cadre de la campagne budgétaire 2020 à venir.

Pour se former, les professionnels mais aussi les usagers peuvent suivre la formation d’une heure sur naloxone.fr : la plateforme inter associative de formation. A savoir : la plateforme est en cours de modification, pour y intégrer les éléments relatifs au Prenoxad. 

 

Comment les pharmacies d’officine peuvent-elles s’approvisionner et délivrer ?

Les pharmacies d’officine peuvent s’approvisionner en naloxone, via la spécialité Prenoxad®.
Le circuit pharmaceutique de distribution de la spécialité Prenoxad® est assuré par les grossistes-répartiteurs à compter du 15 octobre 2020.

 

2. Des affiches grand public

Autre avancée en matière de communication et sensibilisation, des affiches destinées au grand public ont été validées par le gouvernement et vont être diffusées sur les réseaux sociaux. Nous allons en imprimer et tous les CSAPA et CAARUD vont en recevoir, nous allons voir comment les transmettre aux pharmacies et médecins de ville, avec le ministère de la santé et des solidarités. Vous pouvez les utiliser dès à présent. Ces affiches ont été réalisées dans le cadre du groupe inter-associatif, piloté par la Fédération Addiction en lien avec ses nombreux partenaires : ASUD, Aides, Psychoactif, ELSA France, RESPADD, le Collectif des CT, SAFE, APSEP, SFSPO, OFMA, SFETD, le Collège de Médecine Générale et AFVD.

Télécharger l'affiche avec les quatre profils

Profil 1 : Julien, 25 ans, dépendant au tradamol suite à une opération chirurgicale

Profil 2 : Franck, 41 ans, actuellement sous traitement méthadone pour sa dépendance à l'héroïne

Profil 3 : Anne, 62 ans, souffrant d'arthrose, traitée par un médicament antidouleur opioïde

Profil 4 : Mélanie, 34 ans, consommatrice d'héroïne et d'autres drogues

3. Un système de veille et vigilance renforcée via les CEIP sur la question méthadone et opioïdes antalgiques a été mis en place.

Plus d'informations

La naloxone, une nécessité !

– Utilisable par tous

Les spécialités à base de naloxone sont destinées à être utilisés par TOUS. Il n’est pas nécessaire d’être un professionnel de santé. Il faut pouvoir agir sans délai, dans l’attente des secours !

– Deux formes prêtes à l’emploi sont disponibles

Nalscue® : une solution à base de naloxone pour pulvérisation nasale en récipient unidose
Prenoxad® : une solution injectable à base de naloxone en seringue pré-remplie

– Où trouver ces kits de naloxone prête à l’emploi ?

Les médicaments à base de naloxone Nalscue® et Prenoxad® sont délivrés gratuitement :
– Dans les CSAPA
– Dans les CAARUD
– Au sein des hôpitaux (en sortie de service d’addictologie, des urgences)
– Par les unités sanitaires en milieu pénitentiaire pour les usagers sortant de détention
– Par les équipes mobiles de soins aux personnes en situation de précarité ou d’exclusion gérés par des associations.

Le Prenoxad® est aussi disponible en pharmacie d’officine :
Une prescription médicale n’est pas nécessaire mais dans ce cas il n’y a pas de remboursement. Sur prescription médicale, Prenoxad® est remboursé à 65% par l’assurance maladie. Pendant la crise, il est possible de se faire prescrire par téléconsultation.

– Vous êtes professionnels de santé ? Quelles recommandations ?

  • Vous êtes médecin prescripteur :

– Lors d’une sortie de prison : délivrer systématiquement une ou les deux spécialités naloxone ou au moins prescrire la spécialité Prenoxad pour une délivrance en ville
– Lors d’une initiation à un médicaments de substitution aux opiacés (MSO) : délivrer systématiquement une ou les deux spécialités naloxone en CSAPA et service d’addictologie hospitalier ou au moins prescrire la spécialité Prenoxad pour une délivrance en ville
– Lors d’une consultation pour un renouvellement de MSO en ville : si le patient n’a pas de naloxone à disposition, prescrire systématiquement la spécialité Prenoxad, en particulier lors du renouvellement d’ordonnance à la fin du confinement

  • Vous êtes pharmacien :

– Si vous dispensez régulièrement des MSO, il est nécessaire d’avoir un stock de la spécialité PRENOXAD et d’en proposer systématiquement aux patients.

– Quelles ressources disponibles ?

  • www.naloxone.fr
  • Drogues-info-service
  • Il est possible de se renseigner auprès d’un professionnel de santé, des centres spécialisés en addictologie (CSAPA, CAARUD), d’un centre de traitement de la douleur, d’une association d’usagers.