Consommateurs de drogues et trafics : Marie Jauffret-Roustide, sociologue, répond aux questions du journal Le Monde
Interrogée sur les propos récents d’Emmanuel Macron, Marie Jauffret-Roustide réfute dans cette interview l’idée selon laquelle les consommateurs de drogues seraient des « complices » des trafiquants : cela occulte selon elle la responsabilité de l’État dans l’abandon de certains quartiers. De plus, culpabiliser les usagers les éloigne des soins.
Elle lie l’augmentation de la consommation de drogues à plusieurs facteurs : d’une part, les drogues sont plus accessibles, moins chères, l’offre s’est diversifiée et le trafic s’est « uberisé ». d’autre part, le contexte de crises économiques, le climat sociétal anxiogène et certains environnements professionnels favorise l’usage de substances psychoactives. Elle rappelle que les consommations concernent tous les milieux sociaux et territoires, en apportant des nuances : les classes favorisées expérimentent davantage, mais les classes populaires développent plus souvent des addictions faute de ressources pour se soigner.
Enfin, Marie Jauffret-Roustide affirme que les politiques répressives ne réduisent pas la consommation et qu’au contraire, les modèles comme la dépénalisation des consommations au Portugal ou la légalisation contrôlée de la consommation de cannabis au Québec permettent une réponse plus efficace en matière de santé publique.