Une journée pour faire vivre le projet associatif de la Fédération Addiction et défendre les missions de terrain des adhérents
Faire vivre le projet associatif adopté en 2024
Adoptée lors de l’assemblée générale de Bordeaux en juin 2024, la mise à jour du projet associatif de la Fédération Addiction a servi de fil conducteur à cette journée. Ce document fondateur réaffirme les valeurs de l’association, tout en précisant ses objectifs et les moyens pour les atteindre. Un an et demi après son adoption, le rendez-vous du 12 décembre a permis d’ouvrir un dialogue avec les adhérent·e·s autour des enjeux auxquels sont confrontés les acteurs de terrain.
La matinée s’est articulée autour des trois objectifs du projet associatif. Le premier, « Accompagner les adhérent·e·s dans l’amélioration des pratiques professionnelles en s’adaptant aux besoins des usager·e·s et des professionnel·le·s », a notamment été illustré par des échanges consacrés à l’accompagnement des jeunes. Dans un contexte de disparition progressive de nombreux acteurs de proximité, tels que les Points accueil écoute jeunes (PAEJ) ou les maisons des adolescents, et à l’approche d’une évaluation attendue du dispositif des consultations jeunes consommateurs (CJC), les adhérent·e·s ont partagé leurs stratégies pour faire reconnaître l’importance de la prévention spécialisée et de l’intervention précoce. La Fédération a également rappelé l’intérêt, pour ses membres, de s’inscrire dans des démarches de recherche-action ou de recherche participative.
Défendre la place des dispositifs d'addictologie
Le second objectif, « Porter la parole des adhérent·e·s et défendre leurs intérêts », a donné lieu à de longs échanges sur les difficultés croissantes rencontrées par les dispositifs d’addictologie, en particulier les CSAPA et les CAARUD, pour maintenir leur place dans l’espace urbain. La fermeture du CAARUD de l’association AIDES, rue de Cléry à Paris, à la suite de menaces et de violences de riverains, a été citée comme un exemple emblématique. Mais, à des degrés divers, les tensions avec les citoyens, les collectivités et les municipalités se multiplient sur l’ensemble du territoire. Si le dialogue, la pédagogie et la médiation apparaissent comme des réponses indispensables, elles restent souvent insuffisantes face à l’ampleur des enjeux.
Enfin, le troisième objectif du projet associatif, « Contribuer à un changement de société en faveur de politiques des drogues et de santé respectueuses des droits humains », a permis d’aborder un climat politique parfois hostile aux acteurs de l’addictologie. Les participant·e·s ont souligné la radicalisation de certains discours politiques, largement centrés sur les enjeux sécuritaires et criminels, au détriment d’approches fondées sur la solidarité et la santé publique, pourtant reconnues pour leur efficacité.
S’organiser pour faire front et défendre nos missions
Si la matinée était consacrée aux réalités de terrain et aux réponses opérationnelles apportées par les membres du réseau, l’après-midi a été l’occasion de prendre de la hauteur. Animée par Antoine Janbon, journaliste et rédacteur en chef de la revue Union sociale, la table ronde réunissait quatre figures majeures du monde associatif :
- Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité ;
- Daniel Goldberg, président de l’Uniopss ;
- Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif ;
- et Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction.
Intitulée « Faire front : les associations face à la déconsidération », la discussion a mis en lumière des constats largement partagés : érosion des moyens, durcissement du dialogue avec les pouvoirs publics, perte de reconnaissance du rôle des associations dans l’intérêt général. Pour autant, les intervenant·e·s ont également identifié des perspectives, à condition d’un engagement fort et durable. Parmi les lignes rouges à défendre collectivement figurent l’inconditionnalité de l’accueil dans les dispositifs et le refus de toute essentialisation. L’union des réseaux associatifs apparaît également comme un levier essentiel face à la mise en concurrence encouragée par les pouvoirs publics, dans un contexte de recentralisation des décisions autour des préfets.