Décès d’un élu des Pays de la Loire — Chemsex, surdose : des morts évitables
Un conseiller régional LR des Pays de la Loire est décédé le 15 septembre 2025, « après une soirée mêlant sexe et drogue dans un appartement à Tours », selon la presse. La Fédération Addiction adresse ses sincères condoléances à la famille et aux proches de la victime.
Ce drame tragique illustre une réalité trop souvent passée sous silence : la consommation de drogues et les risques associés concernent toute la société, sans distinction de milieu social ou d’orientation politique.
Les professionnel·le·s de l’addictologie représenté·e·s par la Fédération Addiction souhaitent rappeler que ces morts sont évitables si les outils de prévention, de réduction des risques et d’accès aux soins sont pleinement déployés.
La réduction des risques : une politique de santé publique qui sauve des vies
La réduction des risques (RdR) consiste à mettre à disposition des personnes qui consomment des outils et services leur permettant de diminuer les risques sanitaires et sociaux liés à leurs usages. Elle ne nie pas la réalité des consommations, elle agit pour éviter les surdoses, les contaminations et les morts.
Concrètement, une politique des drogues qui réduit les risques s’appuie sur :
- la prévention, notamment via l’accès à des informations fiables sur les substances, les pratiques moins risquées et les signaux d’alerte ;
- la distribution de matériel (seringues stériles, pipes à crack, filtres, etc.) afin de prévenir les infections ;
- l’existence de dispositifs dédiés tels que les CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), les CAARUD (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et d’associations communautaires qui offrent un espace d’écoute, d’orientation et de soutien pour les consommateurs ;
- les salles de consommation à moindre risque qui permettent un encadrement sanitaire et social, réduisent les surdoses et favorisent l’accès aux soins ;
- la distribution de la naloxone, antidote aux surdoses d’opioïde ;
- la facilitation de l’accès aux soins, en particulier via des dispositifs accessibles, non stigmatisants et proches des populations concernées, afin que chacun·e puisse trouver rapidement une aide médicale, psychologique ou sociale adaptée à ses besoins.
Ces approches sont complémentaires entre elles, pragmatiques, fondées sur des preuves et conçues précisément pour éviter les décès et améliorer la santé de tous. Elles font pourtant aujourd’hui l’objet d’attaques récurrentes dans le débat public, certain·e·s les caricaturant comme une incitation à la consommation. La Fédération Addiction réaffirme que c’est au contraire une politique qui sauve des vies et que chaque recul en la matière se paie par des drames.
Les effets délétères de la pénalisation des consommations
Le cadre légal actuel contribue à aggraver les risques. En effet, la pénalisation des consommations entretient la peur de se tourner vers les services d’urgence en cas de problème. Dans le contexte du chemsex, cette réalité est particulièrement dramatique : la justice poursuit régulièrement des participants survivants ou témoins de surdoses. Ces pratiques envoient un signal dangereux : demander de l’aide pourrait exposer à des sanctions. Résultat : certaines personnes préfèrent ne pas appeler les secours… au péril de leur vie ou de celle de leurs proches.
La Fédération Addiction réclame une loi « bon samaritain » qui garantirait qu’aucune personne appelant à l’aide lors d’une urgence médicale ne puisse être poursuivie. Nous défendons également une dépénalisation de l’usage de drogues, afin de pleinement traiter la question comme une problématique de santé publique. Plusieurs propositions de loi en ce sens ont déjà été déposées : elles doivent maintenant être débattues sérieusement.
Sortir de l’illusion répressive
Il est urgent de tirer les leçons de ces drames : la répression n’empêche pas les consommations, elle aggrave leurs conséquences. Depuis plus de 50 ans, la « guerre à la drogue » a échoué partout où elle a été menée. Persister dans cette voie, c’est accepter des morts qui pourraient être évitées.
La Fédération Addiction appelle les responsables politiques à changer de paradigme : mettre la santé publique et la réduction des risques au centre de la politique des drogues, plutôt que la peur et la sanction.