Plan prévention santé, enfin tout le monde s’y met ?!

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Article rédigé par Fédération Addiction 26 mars 2018

Le Comité interministériel pour la Santé a présenté ce jour son plan « Priorité Santé : rester en bonne santé tout au long de sa vie ».

Prenant en compte l’ensemble des étapes de la vie, des 1 000 premiers jours au bien vieillir, 25 mesures phares sont déclinées. Cette approche impliquant différents ministères, dans une logique de coordination doit être notée. Elle est indispensable pour dépasser les approches cloisonnées.

Loin de se limiter à la prévention des addictions, ce document qui met l’accent sur la « Priorité prévention » annonce plusieurs avancées sur ces thématiques. Il identifie des temps et moments de vie (petite enfance, adolescence, grossesse) et des univers dans les parcours de vie (sports, fête, école, vie de famille) qui sont des leviers dans la mise en œuvre d’un environnement favorable, indispensable dans la prévention des conduites à risques.

  • Mesure 2 : mieux prévenir les consommations à risque et mieux repérer les addictions pendant la grossesse ;
  • Mesure 7 : avancer dans la volonté d’une « école promotrice de santé », prenant en compte la globalité des risques, pas simplement addictifs, travaillant sur le mise en œuvre d’un environnement favorable, en mobilisant l’ensemble des acteurs (éducatifs, enseignants, élèves, professionnels santé) et en utilisant aux mieux l’existant (mallette parents, lien école/Consultation Jeune Consommateur notamment) ;
  • Mesure 8 : réduire les risques auditifs dus à l’écoute amplifiée des musiques ;
  • Mesure 9 : mettre en place des actions ciblées d’éducation sexuelle avec l’expérimentation du « Pass moins de 25 ans » dans des régions pilotes ;
  • Mesure 10 : renforcer le lien des Consultations Jeunes Consommateurs avec les collèges et lycées, travailler en proximité pour intervenir précocement et prévenir l’installation dans des usages problématiques ;
  • Mesure 11 : accompagner les jeunes et leurs familles après un passage aux urgences en lien avec une alcoolisation massive, mobilisant les Équipes de Liaison et de Soin en Addictologie (ELSA), les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) et les Maison des Adolescents ; le travail remarquable de Rennes est cité. La région Nouvelle Aquitaine a aussi développé depuis 4 ans un programme d’envergure entre Urgences / ELSA / CJC. Une vidéo d’explication est mise en ligne sur le portail collaboratif intervenir-addictions.fr avec le protocole et les outils mis en place ;
  • Mesure 13 : Former les étudiants aux premiers secours en Santé Mentale ;
  • Mesure 14 : Assurer le remboursement des traitements d’arrêt du tabac, au-delà de l’ancien forfait 150 euros, dans le cadre du Programme National de Réduction du Tabagisme. Sur le tabac, la prise en compte de la vape serait un levier supplémentaire pour réduire voir arrêter la consommation et pour diversifier les portes d’entrée pour modifier ses usages.;
  • Mesure 15 : Mieux dépister et traiter les hépatites, avec l’objectif d’une élimination du VHC en 2025, en ouvrant à de nouveaux prescripteurs (les Centres de Soin et de Prévention en Addictologie- CSAPA y sont prêts)
  • Mesure 16 : Continuer de diffuser et soutenir le nutri-score.
Sur l’ensemble de ces mesures, les acteurs concernés sont prêts à renforcer les actions existantes.

De nombreux programmes, outils existent et commencent à se déployer. Tout comme le décloisonnement interministériel, la réussite passera par la capacité à ce que sur le terrain l’ensemble des actions convergent et ne se superposent ou ne substituent pas les unes aux autres.

Dans l’école, des élèves ambassadeurs à la mise en oeuvre du service sanitaire en santé et du renforcement des liens entre CJC et établissements scolaires, le concours de tous est indispensable en s’appuyant notamment sur des programmes de prévention et de repérage qui ont été évalués scientifiquement et dont la notion de durée, de proximité et d’interventions à compétences multiples sont des leviers indispensables pour avoir des impacts sur les modifications de comportements à risque.

Reste le financement, pour passer des intentions aux actes : 400 millions sur 5 ans sont annoncés, mais aussi des financements spécifiques comme « l’amende forfaitaire » pour les liens CJC/école. S’il est logique de taxer un produit pour contribuer à en traiter les conséquences, il n’est pas envisageable de lier le financement d’une réponse santé à l’interpellation des usagers concernés. De plus, cela accentuerait le déséquilibre de réponses drogue licite et illicite, rendant incohérent le positionnement et la Priorité Santé recherchée.

La Fédération Addiction salue les avancées inscrites dans ce plan prévention du comité interministériel, que complètera le prochain plan gouvernemental de mobilisation contre les addictions.

Elle reste mobilisée avec les acteurs de son réseau et leurs partenaires pour assurer la nécessaire convergence de l’ensemble des actions.