Addictions en prison : la Fédération Addiction auditionnée à l’Assemblée nationale

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 3 novembre 2021

Malgré l’inscription dans la loi du principe d’équivalence des soins entre milieux ouvert et carcéral, la prise en charge des addictions en prison n’est toujours pas une réalité. Le 27 octobre, lors de son audition par la commission d’enquête sur les « dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française », la Fédération Addiction a fait part de ses propositions pour la santé en prison.

 

40 % des détenus entrant en prison sont concernés par des conduites addictives. La réalité de la circulation et de la consommation de substances illicites ou de médicaments détournés de leur usage en détention ne peut pas être niée.

Pourtant, et malgré son inscription dans la loi, la réduction des risques en prison ne bénéficie à ce jour d’aucun statut. Par ailleurs, la continuité des soins entre l’intérieur et l’extérieur de la prison reste imparfaite et complexe à assurer en pratique. Les difficultés structurelles inhérentes au milieu carcéral sont autant d’obstacles à dépasser pour améliorer la coopération santé-justice et la prise en charge sanitaire des détenus.

La réduction des risques addictions en prison n’est pas mise en place

La loi de santé de 2016 a marqué une avancée importante. Elle affirme l’extension du principe d’équivalence avec le milieu extérieur aux mesures de réduction des risques. Les personnes détenues devraient donc bénéficier des mêmes mesures de réduction des risques que celles appliquées en milieu ouvert. Pourtant, à ce jour aucun décret n’a encore été publié. L’ensemble des professionnels qui souhaitent pouvoir exercer ce droit se heurtent au blocage de la direction centrale de l’administration pénitentiaire.

Ce manquement pose problème pour la santé des détenus que l’administration pénitentiaire est censée protéger… Mais aussi pour la santé publique. En effet, les milieux fermés et ouverts ne peuvent être dissociés sur le plan sanitaire, du fait des mouvements de population perpétuels entre l’intérieur et l’extérieur de la prison. Toute intervention en prison bénéficie à l’ensemble de la communauté, qu’elle soit carcérale ou extra-carcérale, personnels pénitentiaires inclus.

Des pistes pour avancer

Face à cette situation, la Fédération Addiction a proposé plusieurs axes de travail lors de l’audition du 27 octobre à l’Assemblée nationale. Parmi eux :

  • déployer la loi de santé de 2016 et ses décrets sur la réduction des risques en prison, en associant dans ce processus les acteurs sanitaires et associatifs compétents dès le début ;
  • allouer des moyens dédiés suffisants en personnel, notamment en addictologie sur le modèle des CSAPA référents ;
  • renforcer les efforts de formation, de sensibilisation, de l’explication des pratiques de soins et de leurs objectifs (réduction des risques notamment).