Carte Vitale obligatoire en pharmacie : une décision qui met en péril l’accès et la continuité des soins des plus vulnérables

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 29 juillet 2025
Depuis l’annonce le 17 juin 2025 de l’obligation de présenter une carte Vitale pour obtenir certains médicaments, les professionnels de l’addiction et les médecins généralistes constatent sur le terrain de nombreuses ruptures de soins. La Fédération Addiction alerte : cette mesure, prise sans concertation, prive de traitement des personnes déjà en grande vulnérabilité.

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Le 17 juin, l’Assurance Maladie et le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles ont annoncé que la présentation de la carte Vitale deviendrait obligatoire pour bénéficier du tiers-payant en pharmacie lors de la délivrance de certains médicaments « sensibles » (les stupéfiants dont la méthadone et le méthylphénidate) ainsi que des médicaments onéreux (plus de 300 € la boîte).  

Cette mesure, déjà en application, a malheureusement été prise sans tenir compte de la réalité vécue par les usagers les plus fragiles. Elle place des milliers de personnes en situation de rupture de soins. 

Une mesure inapplicable pour des usagers en grande difficulté

En effet, depuis plusieurs semaines, les adhérents de la Fédération Addiction (médecins, soignants, travailleurs sociaux…) signalent une multiplication des ruptures de traitement : des usagers ne peuvent plus obtenir leurs médicaments en pharmacie, faute de carte Vitale.

Ces personnes, souvent suivies en CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) ou par des médecins généralistes, cumulent les difficultés : précarité, isolement social, troubles de la santé mentale, perte de droits, absence de logement ou accès très limité au numérique. La perte ou l’absence de carte Vitale est fréquente et les démarches pour en obtenir une nouvelle sont complexes et longues. 

Un refus de soin grave… et évitable

En conditionnant l’accès aux traitements à la carte Vitale, le gouvernement et l’Assurance Maladie prennent le risque de provoquer des rechutes, des hospitalisations, voire des surdoses. Des situations contradictoires avec le souci d’économies affiché ainsi qu’avec l’impératif de prévenir les ruptures de soins.

Ce dispositif, appliqué sans discernement, revient à exclure du soin les personnes les plus vulnérables : c’est un refus de soin inacceptable, contraire à l’éthique médicale et aux principes de santé publique.   

La Fédération Addiction a écrit aux autorités en demandant que les personnes accompagnées en addictologie, par un CSAPA ou un médecin de ville, puissent bénéficier d’une dérogation claire et systématique. Ces situations doivent être reconnues comme des exceptions, permettant l’accès aux traitements sans carte Vitale, dans le cadre d’un suivi médical et social régulier.

À propos de la Fédération Addiction

La Fédération Addiction est le principal réseau en France dédié aux questions liées aux drogues et aux addictions : elle regroupe 850 établissements et services de santé ainsi que plus de 500 professionnels de la prévention, du soin, de l’accompagnement et de la réduction des risques. La Fédération Addiction s’intéresse à toutes les addictions et toutes les drogues, légales ou illégales. Elle défend des politiques qui mettent l’accent sur la santé publique et les besoins des usagers.

Au sein de la Fédération Addiction, les médecins généralistes exerçant en libéral ou ceux salariés en centre de santé avec une pratique de l’addictologie forment le pôle MG Addiction.

Contact presse

Benjamin Tubiana-Rey
responsable plaidoyer et communication
b.tubiana-rey@federationaddiction.fr
06 15 62 81 08