Discriminations dans les parcours de soins : la Défenseure des droits alerte
Le rapport publié le 6 mai 2025 par la défenseure des droits, intitulé Prévenir les discriminations dans les parcours de soins : un enjeu d’égalité, met en lumière l’ampleur et la variété des discriminations qui persistent dans le système de santé français.
Le rapport s’appuie sur diverses sources : des réclamations reçues, la jurisprudence, des contributions associatives et plus de 1500 témoignages recueillis fin 2024. La Fédération Addiction a également été auditionnée par la défenseure des droits dans le cadre de l’élaboration de ce rapport.
Ces éléments mettent en évidence que les discriminations peuvent se fonder sur une multitude de critères, incluant le handicap, le sexe, l’état de santé, l’origine, ou la particulière vulnérabilité résultant de la situation économique.
L'accès aux soins et la prise en charge, des étapes semées d'embûches
Les discriminations peuvent se manifester dès les premières étapes du parcours de soins. L’accès aux urgences peut ainsi être marqué par une prise en charge différenciée, notamment selon l’origine ou la vulnérabilité économique. Des témoignages font état de refus de prise en charge aux urgences motivés par l’apparence physique, l’odeur corporelle ou l’alcoolisation des patients, même lorsque leur état nécessite une intervention urgente. Par exemple, un médecin addictologue relate le cas d’un patient « alcoolo-dépendant et usager de drogue » avec une infection pulmonaire sévère, qui a été renvoyé chez lui des urgences en raison de son profil, malgré un risque vital.
Les personnes présentant une addiction peuvent être particulièrement désavantagées par certaines pratiques, comme le refus de leur attribuer un nouveau rendez-vous après une absence, alors que leur état de santé ne leur permet pas toujours de respecter des rendez-vous fixes prévus longtemps à l’avance.
Le rapport souligne que l’addiction n’est d’ailleurs pas toujours perçue comme une maladie et fait encore l’objet de jugements moraux. Des témoignages rapportent ainsi la réticence de pharmaciens à délivrer des traitements de substitution, accompagnées de propos stigmatisants (« Est-ce que tu les vends, pourquoi tu viens en chercher à chaque fois ? »). Des difficultés concernant la vente de kits d’injection, voire l’application de prix prohibitifs, ont également été signalées.
Conséquences et voies d'amélioration
Ces discriminations ont des conséquences lourdes. Les personnes peuvent ainsi limiter leurs consultations aux seules nécessaires pour obtenir leur traitement. Cela les amène à renoncer à d’autres types de soins, les privant d’une approche globale de leur santé et augmentant le risque de sous-diagnostic d’autres pathologies. Par peur ou par manque de confiance, elles peuvent éviter de révéler certaines informations médicales ou personnelles aux soignants.
Face à ce constat alarmant, la défenseure des droits formule plusieurs recommandations notamment l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre les discriminations dans les soins. Un axe crucial devrait en être la formation des professionnels de santé pour lutter contre les stéréotypes et prévenir les discriminations. Cette formation devrait inclure des modules dédiés aux publics spécifiques. Rendre les recours plus effectifs et les sanctions plus dissuasives est également indispensable. Enfin, adapter le système de santé, notamment en diversifiant les modes de prise de rendez-vous et en développant des dispositifs d’« aller-vers », est essentiel pour atteindre les publics éloignés du système.
Télécharger le rapport de la défenseure des droits