Salle d’expérimentation numérique : quand le jeu vidéo devient outil de médiation en CJC
Observer sans juger, accompagner sans exclure
La salle d’expérimentation numérique de la Kaz’Oté à Saint-Paul a été pensée comme un espace de médiation : elle permet aux jeunes de jouer dans un cadre immersif, sécurisé et bienveillant. Ce n’est pas qu’un lieu de divertissemen, c’est aussi un terrain d’observation clinique et éducatif. Les professionnel·le·s peuvent y explorer avec les jeunes les fonctions que remplissent les jeux dans leur quotidien : espace refuge contre le mal-être ou l’isolement, outil de performance ou de socialisation, quête d’identité ou d’appartenance.
En partant des pratiques réelles, le jeu devient un levier d’expression, un point d’appui pour ouvrir le dialogue et co-construire un accompagnement adapté, dans ou en dehors du cadre du CSAPA. Il ne s’agit pas de juger, mais de comprendre pour mieux agir.
Un dispositif ancré dans les réalités du territoire
L’initiative de la salle de jeu répond à des enjeux bien spécifiques au contexte réunionnais : isolement géographique, précarité sociale, manque d’espaces de socialisation… Autant de facteurs qui renforcent l’attrait des jeunes pour les univers numériques. Dans ce contexte, les écrans ne sont pas seulement des risques : ils sont aussi des ressources, des échappatoires, des territoires de lien.
Pour les professionnel·le·s du CSAPA Kaz’Oté, il est essentiel de ne pas laisser les familles seules face à ces pratiques. La salle d’expérimentation permet aussi d’impliquer les parents, de les soutenir dans leur rôle éducatif, et de retisser un lien parfois distendu avec leur adolescent·e. Ainsi, loin d’une posture alarmiste, le projet s’inscrit dans une démarche globale d’éducation à la santé et de réduction des risques. Il rejoint la philosophie des consultations jeunes consommateurs : accueillir sans condition, partir des usages pour mieux accompagner, s’appuyer sur les compétences et les ressources des jeunes.
En valorisant les pratiques numériques plutôt qu’en les stigmatisant, cette salle propose un cadre structurant, où les adolescent·e·s peuvent prendre du recul sur leurs usages, exprimer leurs émotions et, si besoin, être orienté·e·s vers un suivi plus spécifique. Le dispositif valorise également les compétences numériques des jeunes, en favorisant leur mobilisation dans d’autres sphères de vie et en contribuant au renforcement de l’estime de soi et de l’autonomie.
Une initiative à suivre pour nourrir les pratiques professionnelles
Ce projet pilote de la Réunion pourrait bien inspirer d’autres structures : il invite à repenser les outils et les postures dans l’accompagnement des jeunes, en intégrant les cultures numériques dans les dispositifs de prévention. Plutôt que d’imposer une norme, il s’agit de construire avec les jeunes un rapport plus libre, plus éclairé, plus critique aux écrans.