Un guide de réduction des risques sur les psychédéliques

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Article rédigé par Sacha Hertzog 2 mars 2023
Les psychédéliques font l'objet d'un intérêt renouvelé ces dernières années. Si ces substances entrainent rarement une dépendance, leur consommation n'est pas totalement sans risque. La Société psychédélique française publie un guide à ce sujet.

Quelle réalité les drogues psychédéliques recouvrent-elles en France ?

Aujourd’hui, le terme psychédélique (« dévoiler l’esprit » en grec ancien) recouvre plusieurs produits psychoactifs soit naturels, comme les champignons hallucinogènes, soit synthétiques, comme le LSD. En France, ces substances sont illégales depuis la fin des années 1960 et rentrent dans le cadre de la loi de 1970 sur les stupéfiants.  

Ces différentes substances sont réunies par leurs effets hallucinatoires qu’ils soient visuels, auditifs, temporels, spatiaux ou sur la perception que la personne a d’elle-même. Si ces produits entraînent rarement une dépendance, du fait de la faible régularité de leur usage, ils peuvent tout de même présenter des risques, en particulier de « bad trip ». 

Aujourd’hui, la consommation de ce type de produit reste assez faible et stable. Pour les champignons hallucinogènes, l’OFDT l’estime à 0,3 % sur l’année pour les 18-64 ans et jusqu’à 1,6 % pour les 18-25 ans. La consommation de LSD se situerait à 0,3 % en population générale et à 1 % pour les 18-25 ans.  

Ces substances sont fortement associées aux milieux festifs et au mouvement hippy. Elles concernent cependant aussi des populations plus marginalisées. Ainsi, en 2010, le rapport Samenta de l’Observatoire du SAMU social établissait que 8,1 % des personnes sans domicile fixe avaient déjà consommé des champignons hallucinogènes et qu’elles étaient 5,8 % à avoir déjà consommé du LSD. 

Un guide de réduction des risques sur les psychédéliques dans la lignée d’un intérêt croissant pour la question en France…

En France, les psychédéliques font l’objet d’un intérêt croissant notamment dans le cadre de la recherche sur des thérapies alternatives. On peut notamment citer la recherche Pscyhomadd 4872 en cours à l’hôpital Paul-Brousse autour de leur efficacité en psychiatrie. À l’hôpital Fernand-Widal, un essai doit avoir lieu sur les possibles applications du LSD dans le cadre de la dépendance à l’alcool. 

Mais si les drogues psychédéliques peuvent avoir des applications thérapeutiques, elles restent des substances à usage récréatif qui nécessitent une approche en réduction des risques. Cela passe notamment par la diffusion d’une information fiable sur ces substances auprès de leurs utilisateurs et des intervenants de réduction des risques. 

C’est l’objet du manuel récemment publié par la Société psychédélique française, intitulé Psychédéliques : Manuel de Réduction des Risques. Ce manuel est construit autour de trois grandes sections : les psychédéliques et leur effets, l’expérience et les cas d’usages type. Il permet d’abord de mieux comprendre ce que sont les psychédéliques (effets, voix d’administration et modes d’utilisation, contre-indications…). Il aborde les concepts qui leur sont attachés, notamment celui de « set and setting » et les contextes de consommation (usage introspectif, festif…). Il comprend enfin un glossaire sur les psychédéliques. 

« Psychédéliques - Manuel de réduction des risques » de la Société psychédélique française

… et surtout à l’étranger

Les psychédéliques comme outil thérapeutique sont défendus depuis des dizaines d’années aux États-Unis, en particulier par la fondation MAPS (Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies). Depuis le 1er janvier 2023, l’Oregon est devenu le premier État américain à autoriser la consommation de psilocybine, une substance hallucinogène présente naturellement dans certains champignons. La consommation est autorisée pour toute personne âgée de plus de 21 ans mais doit être supervisée par un « facilitateur » agrée par l’État. Les facilitateurs doivent avoir suivi une formation spécifique de six mois. 

En Australie, à partir du 1er juillet 2023, certains psychiatres seront autorisés à prescrire des substances psychédéliques à base de psilocybine dans le cadre du traitement des dépressions résistantes aux traitements classiques. Dans le même temps, l’Australie autorisera aussi à certains psychiatres la prescription de MDMA pour le traitement du syndrome post-traumatique.