Le tabagisme ne recule plus en France : des actions ciblées sont nécessaires

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 14 décembre 2022
Les chiffres publiés le 13 décembre par Santé publique France montrent que le tabagisme ne recule plus en France. Pire, chez les femmes et les personnes précaires, la prévalence du tabac a augmenté en 2021 par rapport à 2020. La Fédération Addiction appelle les pouvoirs publics à soutenir les actions ciblées.

Les chiffres annoncés mardi 13 décembre par Santé publique France montrent que trois personnes de 18 à 75 ans sur 10 fumaient en 2021 : un chiffre stable par rapport à 2020 mais qui cachent d’importantes inégalités sociales. 

Ainsi, le tabagisme quotidien a augmenté chez les personnes les moins diplômées, passant de 29 à 32 % soit 15 points de plus que les personnes titulaires d’un diplôme supérieur.

La Fédération Addiction appelle les pouvoirs publics à poursuivre et renforcer le soutien des actions ciblées envers ces publics.

Une stratégie d’intervention ciblant le tabagisme chez les personnes précaires

La Fédération Addiction travaille depuis plusieurs années sur une stratégie d’intervention s’intéressant spécifiquement à la lutte contre le tabagisme chez les personnes précaires : le projet « Tabac et précarité, évaluation d’une stratégie d’intervention » (TAPREOSI), conduit en partenariat avec la Fédération des acteurs de la solidarité, a abouti à l’élaboration d’une méthodologie et d’un kit d’intervention pour faciliter la prise en charge du tabagisme chez les personnes précaires.

Malheureusement, la proposition d’amplifier le déploiement de cette stratégie n’a pas été retenue par le fonds de lutte contre les addictions. La Fédération et ses partenaires restent mobilisés pour déployer cette stratégie à plus grande échelle.

Rendre l’accompagnement plus accessible et renforcer les moyens des structures d’addictologie

Les structures d’addictologie, notamment les CSAPA  (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) et CAARUD (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), ont un rôle important à jouer dans la réduction et l’arrêt du tabagisme. Trop souvent vus comme des dispositifs uniquement dédiés aux problèmes d’alcool et de drogues illicites, ce sont pourtant des centres qui, grâce à leurs équipes pluridisciplinaires, sont compétents pour accompagner toutes les addictions en particulier en cas de vulnérabilités psychologiques ou sociales associées. Il est nécessaire de mieux faire connaître l’implication des centres d’addictologie dans la lutte contre tabagisme et de renforcer leurs actions à destination des publics précaires : la Fédération Addiction y travaille avec le soutien des pouvoirs publics mais des moyens supplémentaires sont nécessaires.

À quand la reconnaissance de la vape comme outil de réduction des risques et d’aide à l’arrêt du tabac ?

Pour de nombreux fumeurs, la vape est une aide réelle pour réduire les risques liés à l’usage du tabac fumé voire pour arrêter, souvent en association avec des substituts nicotiniques. Les professionnels de l’addictologie soutiennent déjà cette dynamique positive. Néanmoins, les autorités de santé françaises s’obstinent à limiter les recommandations aux seuls substituts nicotiniques alors même qu’une revue de la littérature scientifique sur la vape, publiée par Cochrane le 17 novembre dernier, vient confirmer ces remontées du terrain, aussi bien des fumeurs que des professionnels : « il existe des données probantes de haute certitude indiquant que les cigarettes électroniques avec nicotine augmentent les taux d’abandon du tabac par rapport aux thérapies de substitution nicotinique ».

« Alors que nous sommes en pleine préparation du prochain Plan national de lutte contre le tabac 2023-2027, la Fédération Addiction souhaite que tous les moyens soient mobilisés pour réduire le tabagisme : les CSAPA, les CAARUD et les CJC y sont prêts ! »
— Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction