Un jeune sur cinq est un joueur excessif : il faut agir

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 17 février 2022
L’étude de la SEDAP pour l’Autorité nationale des jeux publiée ce 17 février montre une progression des pratiques problématiques de jeux chez les 15-17 ans. La Fédération Addiction appelle les autorités à réguler plus efficacement ce marché et à soutenir les actions de prévention.

Grattage, loterie, paris sportifs voire poker : les jeux de hasard et d’argent sont la seule addiction comportementale reconnue cliniquement par l’OMS…

Malheureusement, l’étude SEDAP* publiée ce 17 février montre que les jeunes sont plus d’un tiers à pratiquer les jeux d’argent et de hasard (JAH)… un chiffre en légère hausse alors même que cette pratique leur est théoriquement interdite. Plus inquiétant : 35 % des jeunes joueurs ont un comportement de jeu problématique.

Mettre l’accent sur la prévention

L’étude SEDAP met en avant le rôle des parents dans l’accès des jeunes aux JAH, dévoilant l’intérêt d’une sensibilisation des parents aux conséquences des jeux chez les mineurs et l’importance du respect des interdits protecteurs pour les jeunes (jeux de hasard comme tabac, alcool).

Mais l’action doit aussi concerner les adolescents : les programmes de prévention des addictions qui mettent l’accent sur les compétences psycho-sociales ont été évalués et sont efficaces dès lors qu’ils sont déployés sur la durée et en proportion suffisante. La Fédération Addiction accompagne certains de ces programmes (Unplugged et Primavera en milieu scolaire mais également « Bien jouer », ciblé sur le risque de jeu excessif). Malheureusement aucune politique ambitieuse et concertée entre l’ensemble des ministères et partenaires concernés n’est aujourd’hui mise en place : un plan pluriannuel de financement est nécessaire.

« Les résultats de l’étude soulignent l’urgence et la nécessité d’élaborer des stratégies de prévention psychoéducatives basées sur des programmes probants et validés. »
Emmanuel Benoit, directeur général de la SEDAP, membre du conseil d’administration de la Fédération Addiction

La possibilité d’aller vers ces jeunes le plus rapidement possible et de proposer des lieux d’écoute et d’accompagnement autant pour eux que pour les familles doit être renforcé via le dispositif des Consultations jeunes consommateurs (CJC), les Maisons de l’adolescent, les Points écoute jeunes et l’ensemble des acteurs du premier recours.

Renforcer la réglementation et son application

Les jeux d’argent et de hasard sont interdits aux mineurs : l’étude SEDAP montre que cette interdiction est rarement un frein pour jouer, sur internet comme en points de vente. L’interdiction de la vente aux mineurs doit être réellement appliquée.

Des opérateurs de jeux ont développé des techniques marketing agressives, notamment en ce qui concerne les paris sportifs : la Fédération Addiction réitère ses propositions pour un encadrement, dans la forme et le fond, de la publicité. Elle est en faveur d’une interdiction aux sportifs et commentateurs sportifs d’utiliser leur image pour promouvoir les paris sportifs, d’une redéfinition des règles de sponsoring et d’une limitation des publicités autour des matchs (dans les médias et dans les stades).

« La libéralisation des jeux d’argent et de hasard en ligne pose un problème croissant de santé publique et cette aggravation semble liée aux actions de marketing et de publicité des opérateurs eux-mêmes. »
Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction

Pour que le jeu reste un objet de plaisir et de distraction, il est plus que nécessaire de mettre en place une politique ambitieuse combinant des dispositions de régulation du marché et des mesures d’appui pour la prévention et l’accès rapide à un lieu d’écoute et d’accompagnement si nécessaire pour les jeunes et leur famille.

Contact presse

Benjamin Tubiana,

responsable de communication

b.tubiana@federationaddiction.fr · 06 15 62 81 08

À propos de la Fédération Addiction

La Fédération Addiction est le premier réseau d’addictologie de France. Elle regroupe 190 associations, 850 établissements et services de santé, de prévention, de soins et de réduction des risques et plus de 500 médecins et pharmaciens.

Télécharger le communiqué en PDF

L'interview d'Emmanuel Benoit dans Le Parisien

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