Le prix minimum par unité d’alcool : une stratégie efficace pour réduire les dommages liés à l’alcool. L’exemple de l’Écosse

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 7 septembre 2023
Depuis 2018 en Écosse, il est interdit de vendre une boisson alcoolisée en dessous d’un certain prix, calculé en fonction du degré d’alcool. Public Health Scotland vient de publier en juin 2023 une évaluation de cette politique et les résultats sont très encourageants. Non seulement la consommation d’alcool des Écossais a diminué mais le nombre de morts liées à l’alcool est en net recul : -13,4 %.

Le prix minimum par unité d’alcool, un impact décisif sur la santé publique

En Écosse comme en France, l’alcool est une cause majeure de mort prématurée et de maladie. En 2018, le gouvernement écossais a introduit un prix minimum par unité d’alcool de 0,50 livres sterling. Le calcul est simple : par exemple, une bouteille de vin de 75 cl à 13° ne peut être vendue moins chère que 75 × 13 % × 0,50 = 4,88 £.

L’organisme écossais de santé publique Public Health Scotland a mené une évaluation de cette politique : les résultats publiés en juin 2023 sont très encourageants.

En effet, l’étude montre que les ventes d’alcool ont reculé de 3 % sous l’effet du prix minimum et que ce sont les foyers qui achetaient le plus d’alcool qui ont le plus réduit. Mais, surtout, l’analyse démontre que le prix minimum à lui seul est responsable d’une baisse de 13,4 % des décès et de 4,1 % des hospitalisations directement attribuables à l’alcool.

Mais le prix minimum ne suffit pas : l’accompagnement spécifique doit prendre toute sa place

Toutefois, Public Health Scotland souligne qu’il existe des éléments indiquant que les publics dépendants à l’alcool et disposant de faibles revenus ont été impactés négativement par le prix minimum. Pour ces personnes dépendantes, le prix minimum est une pression financière supplémentaire : Public Health Scotland souligne la nécessité de services d’accompagnement adaptés.

Consulter l'étude (en anglais)

Des enseignements pour la France

En France, le prix de l’alcool dépend en grande partie de taxes dont le montant n’a que peu à voir avec les dommages sanitaires et sociaux causés par cette drogue licite. Alors qu’une récente étude de l’OFDT vient de démontrer que le poids que l’alcool fait peser sur les finances publiques et largement supérieur à ce que rapportent ces taxes, la piste du prix minimum par unité d’alcool est particulièrement pertinente.

D’autant plus qu’alors que les lobbys alcooliers français pèsent de tout leur poids pour freiner toute politique qui viserait à réduire la consommation d’alcool dans notre pays, l’analyse de Public Health Scotland montre que, si les ventes d’alcool ont reculé, le prix minimum n’a pas eu d’impact sur la santé de l’industrie de l’alcool en Écosse.