Le Mois sans tabac : « l’esprit d’équipe » au service du soin et de la réduction des risques. Interview avec Damien Souchet, infirmier en CSAPA

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Article rédigé par Louise Duchâteau 26 octobre 2022
Cette année, le Mois sans tabac revient pour sa septième édition. Cette campagne vise à soutenir les fumeurs volontaires dans l’arrêt du tabac ainsi que la réduction des risques concernant le tabagisme, à travers des actions de prévention et promotion de la santé. Mais comment le secteur de l'addictologie s'inscrit-il dans cette initiative grand public ? Nous avons interrogé Damien Souchet, infirmier depuis 2016 au CSAPA Trapèze à Madeleine, dans les Hauts-de-France.

Comment inscrivez-vous la dynamique du Mois sans tabac dans votre quotidien en tant qu’infirmier au CSAPA Trapèze ?

Damien Souchet : L’objectif du Mois sans Tabac est de promouvoir de manière globale un élan collectif sur l’arrêt ou la diminution du tabac, et plus spécifiquement de s’interroger sur la consommation tabagique. Au CSAPA Trapèze, impulsé dans la dynamique d’un travail d’équipe, nous avons mis en place une consultation spécialisée « Tabac ».  Mon rôle est de sensibiliser les personnes accompagnées ou résidents des différents CHRS des associations Sauvegarde du Nord et Solfa sur les enjeux des pratiques addictives et notamment du tabac. J’interviens alors en acteur pivot dans différentes structures dans une dynamique « d’allez-vers » pour toutes les personnes fumeuses qui s’interrogent sur leur consommation tabagique.

Utilisez-vous des ressources du Mois sans Tabac pour accompagner les fumeurs dans le sevrage tabagique ou la diminution des risques liés au tabac ?

Nous avons des outils de prévention, de documentation et communication et qui peuvent aider les fumeurs à être mieux informés. L’esprit d’équipe promu par le Mois sans tabac est essentiel en termes de soutien mutuel que je retrouve dans mes interventions collectives au sein des différentes structures. Au niveau des consultations individuelles, j’aborde le sujet du tabac comme « une porte d’entrée », une manière de s’interroger sur sa consommation, ses besoins, et à formuler des objectifs adaptés à ses désirs et ses possibilités. Il me semble que tous les outils sont importants pour aider une personne à arrêter de fumer, en passant par des prescriptions de substitut nicotinique ou la « vape », comme des consultations avec un.e psychologue de thérapie cognitivo-comportementaliste par exemple.

« L’esprit d’équipe promu par le Mois sans tabac est essentiel en termes de soutien mutuel »

Accueillez-vous un nouveau public autour de cette démarche de promotion de la santé ? Si oui, comment ?

J’aimerais impliquer davantage les salariés des différentes structures pour prendre soin des professionnels du médico-social. C’est un sujet dont on parle encore trop peu, mais les accompagner dans la réduction du risque tabagique me semble essentiel. Aujourd’hui, c’est le lien de confiance et le bouche à oreille qui agit auprès de mes collègues, certains viennent me voir en consultation, d’autres en parlent à leurs amis et famille, et le réseau de proximité s’étend également via le médecin traitant, la médecine du travail et les pharmaciens. À terme, l’objectif est que le CSAPA soit également identifié comme une structure ressource pour le soutien au sevrage tabagique. Finalement, tout le monde est concerné par le Moi(s) sans Tabac avec la possibilité d’être accompagné selon son besoin.

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre en menant des actions Mois sans tabac ?

Pour moi, le Mois sans tabac, c’est toute l’année ! Mais je pense que ce défi collectif peut amener à créer un dialogue sur le tabac plus visibilisé à cette période. L’important est de pouvoir créer un dialogue fondé sur les bénéfices de l’arrêt, les encouragements et tisser un climat de confiance avec les personnes qu’on accompagne. Parfois il est aussi plus simple de commencer à parler du tabac pour prendre conscience de sa ou ses consommation(s) de manière plus générale. Lorsqu’on agit dans un cadre loin des jugements stigmatisants souvent associées aux pratiques addictives, on peut ouvrir des portes pour penser la santé de la personne de manière globale.