Enfants et écrans : une nouvelle étude sur le développement cognitif de 2 à 5 ans

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Article rédigé par Pauline Amadé Dimitrov 21 septembre 2023
L'usage des écrans et leur impact sur le développement cognitif des enfants suscite de nombreux débats éducatifs et scientifiques. Une étude dirigée par l'Inserm et menée en étudiant les données de 14000 enfants suggère que, si le temps d’écran a son importance, le contexte d’exposition compte également.

Cette étude reprise dans de nombreux médias a été réalisée par une équipe de recherche dirigée par le chercheur Jonathan Bernard au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Inserm, INRAE, universités Paris Cité et Sorbonne Paris Nord). L’équipe a cherché à évaluer les associations entre utilisation d’écran et développement cognitif dans la petite enfance, en prenant en compte les facteurs liés au contexte social, périnatal, familial et aux habitudes de vie. Elle a travaillé sur les données de près de 14 000 enfants de la cohorte française Elfe de leurs 2 ans à leurs 5 ans et demi, entre 2013 et 2017.

Des effets faibles et difficiles à détecter

L’équipe de recherche a observé qu’aux âges de 3,5 et 5,5 ans, le temps d’exposition aux écrans était associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie. Cependant, lorsque les facteurs relatifs au mode de vie et susceptibles d’influencer le développement cognitif étaient pris en compte dans les modèles statistiques, la relation négative se réduisait et devenait de faible magnitude.

Selon Franck Rasmus, co-auteur de l’étude « cette étude montre que les effets des écrans sur l’enfant sont surtout faibles et difficiles à détecter, même avec un aussi grand effectif. Autrement dit, s’il y avait un effet délétère global et important des écrans sur l’enfant, il devrait se voir de manière beaucoup plus claire et sans ambigüité dans cette étude.»

Un impact négatif de la télévision au moment des repas

Pour Franck Rasmus, « le “temps d’exposition aux écrans” n’est pas un facteur homogène, il regroupe des contenus et des usages des écrans qui peuvent avoir un effet négatif sur l’enfant, et d’autres contenus et usages qui peuvent avoir un effet positif. »

Il est donc préférable de s’intéresser aux contenus et usages précis. Ainsi, les résultats de l’étude montrent aussi que, indépendamment du temps d’exposition, avoir la télévision allumée pendant les repas en famille à l’âge de 2 ans (ce qui concernait 41 % des enfants) était associé à de moins bons scores de développement du langage au même âge. Ces enfants présentaient également un moins bon développement cognitif global à 3 ans et demi. Cela peut s’expliquer par le fait que la télévision interfère avec la qualité et la quantité d’interactions entre parents et enfants durant les repas, qui sont un moment d’échange important.

En savoir plus

Lire le résumé et consulter l'étude sur le site de l'INSERM

Lire la tribune de Franck Rasmus sur le site de l'Express