Tabac, alcool, cannabis : des données encourageantes dans la prévention des addictions mais des efforts à amplifier et à adapter aux défis actuels

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Article rédigé par Jean-Michel Delile 29 janvier 2024
Plusieurs études confirment des évolutions positives sur les consommations de substances psychoactives en France. Autant d’encouragements à amplifier les efforts de prévention des addictions… tout en adaptant les politiques aux défis actuels : évolution des messages et prise en compte des publics spécifiques tels que les jeunes, les personnes précaires et les minorités.

La même semaine, Santé publique France et l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) ont publié trois études* présentant des données encourageantes dans le champ des addictions.

Ainsi, l’enquête 2021 du baromètre de Santé publique France, conduite auprès d’un échantillon de 22 624 personnes de 18 à 75 ans, confirme la poursuite de la diminution de la consommation d’alcool chez les adultes. « Depuis plusieurs décennies, les consommations hebdomadaires et quotidiennes diminuent : la part de consommateurs hebdomadaires était de 62,6 % en 2000 et atteint 39,0 % en 2021. La proportion d’adultes consommant de l’alcool tous les jours était 23,9 % en 1992 contre 8,0 % en 2021 ».

Une autre étude extraite du baromètre santé 2021 permet d’évaluer la notoriété et la participation aux premières éditions (2020 et 2021) du « défi d’un mois sans alcool » en France et les résultats sont là aussi très intéressants. « En 2021, 53,0 % des 18-75 ans avaient entendu parler d’un défi d’un mois sans alcool en janvier, parmi eux 9,8 % (soit 4,5 % des adultes, c’est-à-dire 2,1 millions de personnes) déclaraient avoir modifié leur consommation d’alcool en lien avec le défi, dont la moitié indiquant avoir été complètement abstinents pendant un ». Ces données sont à compléter des autres chiffres dont nous disposons (téléchargements de l’application Try Dry, inscriptions au site Dry January, sondages…) qui confirment que l’engouement créé autour du Dry January n’a cessé de s’amplifier depuis ces premières éditions avec même un cru 2024 qui s’annonce exceptionnel.

Enfin, l’étude EnCLASS 2022 de l’OFDT indique que l’ensemble des usages de substances psychoactives chez les collégiens et lycéens a baissé par rapport à l’enquête 2018, confirmant ainsi la baisse sensible et continue depuis 2010. À titre d’illustration, chez les collégiens, l’expérimentation d’alcool (au moins une fois) concernait 71,4 % des jeunes scolarisés en 2010 contre 43,4 % en 2022 ; 30,2 % avaient expérimenté le tabac en 2010 contre 11,4 % en 2022 et 10,2 % avaient fumé au moins une fois du cannabis en 2010 contre 5,3 % en 2022. Les usages quotidiens de tabac (le produit « accrochant » le plus rapidement les jeunes) sont devenus marginaux (0,9 %) alors qu’ils concernaient 11,8 % des jeunes en 2010. Mêmes tendances chez les lycéens : 31 % d’entre eux présentaient un usage quotidien de tabac en 2011 contre 6 % en 2022. De mêmes les usages réguliers d’alcool (5 % en 2022 contre 21 % en 2011) et de cannabis (3 % en 2022 contre 8 % en 2011) ont régressé de manière très sensible.

Tout ceci est donc très positif. Ces études chez les jeunes sont particulièrement prometteuses car c’est bien dans ces tranches d’âge que les risques de bascule des usages vers l’addiction est le plus important.

Alors que nous fêterons en 2024 les vingt ans des consultations jeunes consommateurs (CJC), ces chiffres sont donc un réel encouragement à poursuivre et amplifier les efforts de prévention tout en les adaptant aux problématiques actuelles : développement des addictions comportementales (écrans, jeux d’argent en ligne, troubles alimentaires/obésité…), populations vulnérables (jeunes, femmes et alcoolisations massives, tabac/cannabis et précarité, exclus et cocaïne/crack…)

C’est pourquoi, la Fédération Addiction souhaite que les habituelles campagnes de prévention universelle attirant l’attention sur les risques et dommages des addictions soient complétées par des campagnes ciblées — comme la récente campagne de Santé publique France « C’est la base ! » destinée aux jeunes consommateurs — ou adoptant un ton nouveau comme le Dry January dont l’impact et la notoriété sont largement dus à son ton positif de défi ludique et non-moralisateur. 

`De même, il importe d’aller au-devant des populations les plus vulnérables au risque addictif (jeunes, précaires, minorités…) qui sont moins touchées par les messages généralistes de prévention, ce différentiel d’impact accroissant les inégalités sociales de santé. Cela impose notamment de promouvoir des actions d’aller-vers (y compris des haltes soins addictions) pour faciliter leur accès à l’accompagnement et aux soins.

Le président de la République et les pouvoirs publics annonçaient en 2022 un grand virage de la prévention… Espérons que sa disparition de l’intitulé officiel du ministère après à peine 19 mois de présence (entre le 20/05/22 et le 11/01/24) ne signifie pas qu’elle soit virée des priorités de l’État après une fragile et fugitive apparition…

Contact presse

Benjamin Tubiana-Rey
responsable plaidoyer et communication
b.tubiana-rey@federationaddiction.fr
06 15 62 81 08

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