Dix ans de non-accueil des personnes exilées en France

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Article rédigé par Catherine Delorme 4 février 2025
111 organisations dont la Fédération Addiction signent une lettre ouverte publiée ce 3 février dans Le Monde dénonçant le régime de non-accueil qui sévit en France envers les personnes exilées.

Dix ans de non-accueil : un échec humanitaire et politique dénoncé par les associations

Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, 111 organisations — dont la Fédération Addiction — dénoncent une décennie de non-accueil des personnes exilées en France, marquée par des conditions de vie indignes et une violence institutionnelle persistante.

Depuis 2015, l’augmentation des demandes d’asile en Europe a mis en lumière l’incapacité des pouvoirs publics à offrir des solutions d’accueil dignes. Campements précaires, démantèlements brutaux et absence de concertation sont devenus le quotidien de milliers de personnes, exposées à des conditions sanitaires et psychologiques délétères. Les auteurs de la lettre rejettent l’idée de « crise migratoire », affirmant que c’est le système d’accueil lui-même qui est en crise.

Lire la lettre ouverte sur le site du Monde

Un non-accueil érigé en politique d’État

Les associations signataires pointent du doigt la responsabilité des gouvernements successifs, accusés d’avoir institutionnalisé le non-accueil pour éviter un prétendu « appel d’air », une théorie infondée selon les experts. Cette politique s’est traduite par la dématérialisation des démarches d’asile, des files d’attente interminables, des expulsions violentes et une gestion sécuritaire des campements, particulièrement visible à l’approche des grands événements comme les Jeux olympiques. Les exilés sont ainsi condamnés à l’errance et à l’invisibilité, subissant un harcèlement policier quotidien, loin des promesses présidentielles de « loger tout le monde dignement ».

Des solutions existent : appel à un sursaut humanitaire

Face à cet état des lieux alarmant, les signataires de la lettre appellent à un changement de cap radical. Ils réclament l’ouverture de dispositifs d’accueil inconditionnels, la réquisition de bâtiments vacants pour l’hébergement, et des moyens financiers et humains à la hauteur des besoins. L’exemple de l’accueil des Ukrainiens en 2022 prouve que des solutions sont possibles lorsqu’il y a une volonté politique. Il est urgent, concluent les associations, de mettre fin à dix ans de maltraitance institutionnelle et de respecter enfin les engagements internationaux de la France en matière de droits humain.

La liste complète des signataires