Type d'action :
- Accès aux soins : "aller vers"
- Articulation entre professionnels
- Bien-être corporel et image de soi
- Plages horaires d'accès réservé
- Prévention : information des usagers
- Réduction des risques
Début de l'action :
01 Mars 2000Mots-clés :
Action individuelle et collective
Objectifs de l'action :
Proposer aux femmes des actions de réduction des risques et un accompagnement au plus près de leurs besoins
Descriptif de l'action :
Le CAARUD Réduire les Risques propose une aide aux femmes, avec ou sans enfant(s), en situation d’addiction à une ou des drogues. Le centre a choisi de réserver exclusivement l’accueil collectif aux femmes, du lundi au vendredi de 13h30 à 17h. Les lundis matin de 9h30 à 12h00 est toutefois ouverts à un public mixte.
Le centre met en œuvre :
* Un Programme d’Échange de Seringues avec récupération du matériel usagé
* De l’écoute, de l’information, de la prévention
* Un soutien aux démarches administratives et un suivi socio-éducatif avec accompagnement physique
* Un espace santé et hygiène avec douche, laverie, soins infirmiers, prévention sanitaire et conseil, éducation à l’injection, ateliers santé, séances de relaxation, etc.
* Une collation tous les jours
* Une consigne, Un espace friperie
* L’élection de domicile par Réduire les Risques est principalement (il y a eu des exceptions ponctuelles et nous pouvons l’accorder aux couples) réservée aux femmes
* Un accès gratuit à Internet et un espace de jeux pour les enfants
* Une action relais auprès des femmes détenues de la maison d’arrêt de Nîmes : soutien et préparation à la sortie, etc.
* Un Programme d’Echange de Seringues en pharmacies dans la ville de Sète (mise en place en 2014)
La mise en place de cette action spécifique pour les femmes s’est faite progressivement :
* Dès 1995, l’association dépose un projet grossesse et toxicomanie afin de mettre en œuvre une annexe du centre pour les femmes, afin qu’elles ne soient pas importunées par les hommes usagers de la structure.
* En mars 2000, le centre réserve le mercredi aux femmes, qui peuvent venir avec leurs enfants, et débutent des travaux sur la question de la maternité.
* La même année, une convention est passée avec la DDASS pour expérimenter une structure réservée exclusivement aux femmes : la file active féminine se développe.
* Jusqu’à 2011, une activité relaxation thaïlandaise (stimulante) et coréenne (relaxante) a été proposée tous les lundis en individuel avec succès. La périodicité est passée à une fois par mois avec la fin du financement dédié.
* Le centre a également proposé une activité théâtre : avec le soutien d’une bénévole, un texte a été écrit à partir de l’histoire des femmes accompagnées et certaines d’entre elles ont accepté de le jouer dans différents contextes.
Depuis janvier 2015, un thérapeute hypnotiseur et pratiquant de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) travaille sur l’arrêt du tabac et de l’alcool.
Retours sur expérience :
L’accueil exclusif des femmes durant la semaine a entraîné une file active moins importante mais des temps de gestion des dossiers plus longs. Le CAARUD observe en effet que les femmes demandent plus de soutien que les hommes. Elles parlent également plus de leur vie privée que les hommes. Le CAARUD est repéré comme un point d’entrée pour les demandes de tout type, y compris sans lien avec les addictions, et s’appuie donc sur un fort réseau partenarial pour orienter les usagères vers les interlocuteurs adaptés. L’accompagnement des femmes passe beaucoup par un premier accueil très sécurisant, réconfortant ; le cadre est ensuite réintroduit progressivement. Cette modalité d’accueil semble moins vraie pour les hommes.
Les profils de consommation dans la file active du centre ont changé depuis les années 1990. Les consommations d’alcool et de médicaments sont plus affichées, même s’ils restent beaucoup d’injecteurs. Le centre rencontre moins de femmes injectrices et plus de femmes consommatrices d’alcool aujourd’hui.
A l’issue de cette longue expérience d’accueil des femmes, Réduire les Risques conseille :
* D’essayer, d’expérimenter, et de ne pas hésiter à faire évoluer la forme des actions
* De tâcher de ne jamais avoir d’idées préconçues
* D’adapter ses outils au contexte (urbain, rural, partenaires existants…)
* De créer avec les femmes elles-mêmes, à partir de leurs besoins : le vestiaire par exemple existe depuis 2000 et a été proposé car la thématique vestimentaires plait souvent aux femmes. Il est alimenté régulièrement par des dons des voisins, du réseau de professionnels et des femmes accueillies.
* De prendre en compte et de se former à la question des violences conjugales, pour mieux aborder la question et accompagner les femmes dans les démarches juridiques. Depuis la sensibilisation à cette question et des situations de violences masculines, la porte du centre est toujours fermée avec une sonnette.
* De prendre en compte le problème de logement, car la vie à la rue apporte un surcroît de difficultés aux femmes par rapport aux hommes.
Aujourd’hui, la question de la transmission de l’expérience accumulée auprès des jeunes professionnels est importante. La mise en œuvre de ces actions passe par une équipe convaincue.