Type d'action :
- Bien-être corporel et image de soi
- Lien mère-enfant
- Plages horaires d'accès réservé
- Soin autour de la grossesse
Début de l'action :
01 Jan 2010Mots-clés :
Action individuelle et collective
Objectifs de l'action :
Les femmes expriment souvent leur manque de confiance en elles dans leur rôle de mère. Elles portent intérieurement l’image « toxico », qui les empêche de retrouver leur place sociale. L’action veut leur donner un temps pour elles. Plus spécifiquement, l’action veut :
* renforcer et diversifier la prise en charge pour les femmes qui sont dans des problématiques d’addictions et éventuellement de précarité
* mobiliser les femmes accueillies autour de leur santé, de leurs droits, de leur place de parent et de leur capacité à agir pour leur mieux-être
* développer le partenariat engagé dans le domaine périnatalité et addictions du réseau pour le suivi des femmes en particulier
Descriptif de l'action :
L’accueil spécifique femmes et enfants est mené conjointement dans 2 des 4 établissements gérés par l’Association AIDeA 11 : un Caarud (site de Narbonne ) et un Csapa (site de Carcassonne). Elle fait l’objet de concertations, réflexions sur des actions communes, bilans en commun. La coordination sur les deux structures est assurée par la directrice, Odile Lecocq.
Naissance du projet
L’action formalisée est le prolongement d’un travail qui a lieu depuis les années 2000 sur le thème « maternité et addictions » (formations, suivis sous substitution au centre de soins).
Au Csapa, dans le cadre des suivis des femmes enceintes, des préoccupations particulières transparaissaient dans la prise en charge : comment devenir mère lorsque soi-même on n’a pas reçu de « transmission » de la part de sa propre mère, comment se décaler les produits pour aller vers une place de parent, comment accueillir son enfant dans les meilleures dispositions, comment vivre en couple différemment, se projeter dans la vie avec, parfois, l’inquiétude de la rechute ?
Au Caarud, le nombre de femmes accueillies étant bien inférieur à celui des hommes et l’échange de seringues étant interdit en présence des enfants, l’hypothèse de réserver un temps spécifique d’accueil leur facilitant la venue, notamment avec leurs enfants, a été à l’origine de l’expérimentation.
Le projet MILDT a constitué une opportunité pour formaliser et initier d’autres pratiques au sein des équipes et élargir la prise en charge.
Mise en œuvre du projet
Au Csapa, en centre ville de Carcassonne : en plus des plages horaires d’accueil et des sorties organisées avec les enfants (promenades, pique-nique, visites touristiques), un programme d’ateliers « estime de soi » avec une conseillère en image a été proposé à moitié dans les locaux et pour partie à l’extérieur (voir la pièce jointe correspondante).
Au Caarud, situé dans une maison avec jardin, excentrée, à Narbonne : la plage horaire réservée aux femmes et enfants a été expérimentée sur différents créneaux avec des activités dans les locaux, prévues et affichées à l’avance .
Retours sur expérience :
Au Caarud, la fréquentation a été sporadique et l’hypothèse de départ doit pouvoir être réinterrogée. Est-ce à cause de l’éloignement géographique du lieu ? Les femmes préfèrent-elles aller chercher leur matériel en pharmacie ? Leurs compagnons les approvisionnent-elles ? Les acteurs sociaux du réseau sont très mobilisés sur le soutien aux femmes avec enfants : celles-ci ont-elle peur des placements des enfants ? Autant de questions sans réponse aujourd’hui qui mettent les équipes au travail.
Au Csapa, les usagères ont apprécié de retrouver des interlocuteurs de confiance au-delà d’une prise en charge individuelle de soins ; les activités sont des temps sereins permettant une attention portée à soi-même. C’est aussi un temps de légèreté dans la vie quotidienne et/ou de distance par rapport à une relation de couple. Cependant, l’action a mis en évidence que les choses ne peuvent être pensées sans intégrer la question du couple, du rapport « féminin-masculin », de la parentalité, les usagères souhaitant une participation de leur conjoint à certaines activités ou à certains moments d’échanges.
Pour autant, la fréquentation est restée en dessous des prévisions. Les retombées de cette action sont cependant porteuses d’encouragements : découverte d’une image de soi valorisante et valorisée, confiance en soi trouvée pour s’inscrire, par exemple, au permis de conduire, accompagner son enfant en crèche, faire des projets de voyage, penser à un stage de formation etc.
De manière plus générale, le fait d’avoir organisé les locaux pour accueillir les enfants (coin aménagé, achat de jouets, disponibilité de l’équipe) a encouragé d’autres parents et notamment des pères à venir au centre avec leurs enfants pour leurs rendez-vous réguliers ; le lieu de soins devenant ainsi un lieu connu et familier pour les enfants qui peuvent s’autoriser à poser des questions : « pourquoi on est ici ? », « tu es malade ? », « est-ce que tu vas rester longtemps ? », etc. Cela permet aussi d’autoriser les parents à aborder sereinement leurs difficultés et d’y mettre des mots accessibles à la compréhension des enfants.
De nouvelles attitudes de l’équipe comme garder l’enfant pendant que le parent rencontre le médecin ou l’infirmière ou le psychologue… sont devenues simples, rassurantes pour l’enfant. Ce n’est donc plus une contrainte d’avoir son enfant avec soi pour prendre soin de soi.